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Anne Sinclair  (Editions Grasset)  mars 2012

Nul doute que la personnalité de son auteur va susciter l'attention des médias sur "21 rue La Boétie". Mais ce livre doit-il retenir celle des lecteurs ?

Anne Sinclair publie sous le titre ce qu'elle annonce comme "un regard personnel et, en même temps, un hommage, un tribute, comme on dit en anglais, à un homme hors du commun, qui n’est pas très connu", en l'occurrence son grand-père paternel, le galeriste et marchand d'art Paul Rosenberg, mort en 1959.

Le livre, dépourvu d'affect, qui ressortit au fond comme en la forme davantage à une enquête de journaliste bricolée à la manière des émissions de faits divers, s'avère bien pauvre et décevant sur ce qui est censé en constituer le coeur.

Rien n'est vraiment développé ce qui est logique faute de matériau même pour un récit d'enfance, les moments passés avec ses grands-parents paternels ne lui ayant manifestement pas laissé de souvenirs impérissables.

Et, par ailleurs, elle indique expressément que, du vivant de ses parents, elle se refusait à connaître, et même à écouter, l'histoire de sa famille ("...je n'ai pas voulu écouter les histoires du passé cent fois ressassées par ma mère... l'histoire de mes grands-parents maternels, même si je croyais la connaître, n'était pas la mienne, ce n'était pas ma vie...").

Il n'y a toutefois pas lieu de lui en faire reproche puisque elle prend les devants en balayant par avance les possibles critiques en indiquant qu'elle ne voulait pas écrire une biographie, "mais plutôt une évocation, un hommage, une série de touches impressionnistes".

Mais peut-être n'est-ce pas la cible et l'enjeu du livre. Surtout si se pose la question de comprendre pourquoi la publication de cet hommage n'intervient qu'en 2012.

Impossible d'occulter bien évidemment la grande médiatisation intervenue en 2011 de l'affaire de moeurs dans laquelle était impliqué aux Etats-Unis son mari et directeur du FMI Dominique Strauss-Khan, d'autant que celle-ci a également entraîné une batterie d'articles sur sa fortune personnelle dont l'origine est la fortune constituée par son grand-père paternel.

Car Anne Sinclair, femme intelligente et avisée dont les qualités de stratège ont été louées notamment quand elle officiait dans le confessionnal politique dominical du magazine télévisé "7 sur 7" sur TF1 dans les années 84 à 97, n'agit pas de manière inconsidérée.

D'autant que les motifs allégués dans le prologue quant à l'origine de sa récente immersion familiale en "quête d'identité" n'emportent pas la conviction.

Comment croire que l'épouse du directeur du FMI qui est un des personnages les plus influents de la planète ne peut rentrer chez elle, suite au bouclage de son quartier par la police pour cause de manifestation, faute d'avoir l'adresse de son nouveau domicile sur sa carte d'identité et sur son permis de conduire ?

De même, alors qu'elle détient une carte d'identité en cours de validité pourquoi lui aurait-on demandé de justifier de la nationalité française de ses grands-parents dès lors qu'en cas de renouvellement d'une carte valide ce qui est nécessaire pour en modifier l'adresse, il n'est même pas requis de document établissant la nationalité française de l'intéressé ?

Cela étant, il apparaît que ce livre qui tend également à porter Paul Rosenberg au pinacle des marchands d'art, sert surtout à apporter, de manière habile, des réponses à certaines mises en cause parues dans la presse et à désamorcer par anticipation celles potentiellement à venir.

Et les points essentiels concernent :

- les qualités de Paul Rosenberg qui n'était pas un boutiquier, un brocanteur comme le brocardait l'écrivain, collectionneur et marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler, ni "un homme d'affaires astucieux plus porté vers le commerce que vers l'art pour l'art" mais un acteur de l'Art moderne ;

- qu'il fut, jusqu'à la guerre, "le plus grand marchand en Europe, de Delacroix à Picasso" et qu'il avait ressenti, dès 1922, "que les Etats-Unis prendraient la relève de l'Europe tant sur le plan du marché de l'art que celui du renouveau artistique", préscience qu'a eu dès 1886 le marchand d'art Paul Durand-Ruel qui y avait fait connaître les impressionnistes et ouvert une galerie à New York ;

- qu'il fit des donations conséquentes effectuées par reconnaissance aux musées américains et même, non rancunier, au musée d'art moderne de Paris ("une trentaine de grands et beaux tableaux") alors qu'il avait été spolié de ses biens ;

- l'émigration de son grand-père était incontournable car il était inscrit sur une liste noire en raison de la campagne qu'il avait mené en sa qualité de président du syndicat des négociants appelant les marchands européens à boycotter les ventes des artistes considérés comme dégénérés ;

- il avait un peu anticipé les événements de la seconde guerre mondiale en envoyant un certain nombre d'oeuvres à l'abri à Londres et à New York, anticipation qui tient davantage de l'information puisque dès le 28 septembre 1938, à la veille de Conférence de Munich, commençait le transfert, au sud de la future ligne de démarcation, des oeuvres détenues par les grands musées nationaux ;

- la raison pour laquelle il n'est pas revenu en France : "...ce fut sans doute que le marché de l'art y était plus florissant mais surtout pour une autre raison reconnaissance envers les Etats-Unis qui lui ont permis de recommencer une carrière, l'ont reconnu comme un grand du métier et l'ont aidé à recouvrer sa dignité salie par le dépouillement de sa nationalité et le vol de ses biens" ;

- si dès 1942, son grand-père s'est préoccupé des tableaux volés, c'est qu'il considérait ces vols comme "une atteinte au patrimoine artistique du continent ravagé" et Anne Sinclair explique sa pugnacité : "sans faire de psychologie sauvage, il eut sûrement l'envie de faire payer les voleurs, de participer, à sa manière, au travail de mémoire, et mettre à jour la vérité".

Car des tableaux, il en est largement question dans ce livre, surtout de ceux qui ont été volés qui font l'objet de comptes d'apothicaire à l'unité près - la discrétion étant de mise pour les autres, Anne Sinclair précisant qu'elle n'en détenait que quatre à son domicile.

Elle évoque également la devise de sa grand-mère maternelle qu'elle reprend à son compte et qui sonne comme une mise en garde : "En réalité, je me sens assez proche de la devise de ma grand-mère paternelle, qui était : ne pas se plaindre mais serrer les dents. Et les poings, ajoute-t-elle, quitte à s'en servir pour se protéger".

Murée dans le silence en 2011, Anne Sinclair est-elle désormais prête à monter sur le ring ?

 

MM         
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