Comédie de Simon Stephens, mise en scène de Tanya Lopert, avec Aurélie Augier, Alice de La Baume, Issame Chayle, Clovis Guerrin, Roman Kané, Mathilde Ortscheidt, Laurent Prache et Alice Sarfarti.
Depuis la bibliothèque de leur lycée, William, Lilly, Tanya, Chadwick, Nicholas, Benett et Cissy, brillants élèves issus de familles aisées, préparent leurs examens et leur avenir.
Ces séances de révision sont cependant souvent prétexte à d'interminables discussions dans l'attente de la prochaine heure de cours. Les parents, les "profs", la réussite, l'avenir, l'amour sont au cœur de leurs préoccupations d'adolescents.
Incompréhension de soi et de l'autre, inquiétude face à un monde qu'on connait peu et mal, manque de communication, perte de repères et de valeurs et bientôt violence verbale puis physique, se dessinent dans les rapports qu'ils entretiennent dans ce huit clos du quotidien. Jusqu'au "dérapage" ?
Simon Stephens est un auteur contemporain qui dit lui-même s'inspirer du chaos du monde. Il peuple son univers littéraire de héros hésitants, incohérents, pétris de contradictions et manquant cruellement de confiance en eux, à l'image de l'humanité qu'il observe autours de lui.
Dans "Punk Rock", une fois de plus, il rapporte la société telle qu'il la voit, mais par un angle d'attaque original. Il fait en effet entrer le spectateur dans l'intimité des classes moyennes britanniques, par le biais de leur progéniture.
Quelles valeurs leur a-t-on inculquées ? Quelles sont leurs aspirations ? Quels obstacles rencontrent-ils, eux qui, à priori, ont tout ce qu'ils désirent, du moins matériellement ? Très vite le spectateur se rend compte que tout ne tourne pas vraiment rond derrière les lambris, les jupes plissées et les cravates, et que l'aisance financière ne donne ni l'estime de soi, ni le respect de l'autre.
Au final, il apparaît que le manque d'écoute et d'espoir ne sont pas la panacée des milieux défavorisés mais bien une caractéristique intrinsèque de nos sociétés occidentales individualistes et érigeant la performance en valeur absolue.
Tanya Lopert, en collaboration avec Stéphanie Froeliger, propose, presque en contrepied du caractère sombre du thème, une mise en scène pleine de fraîcheur à l'image des séries américaines actuellement en vogue, avec des décors et costumes de Philippe Varache, très classiques, qui parachutent le spectateur dans la bibliothèque cosy d'un établissement scolaire de prestige où l'uniforme est de rigueur.
Elle prend le parti d'une distribution jeune, avec des comédiens qui abordent donc les différentes situations de jeu avec justesse et empathie, même si on peut leur reprocher parfois un peu trop de verdeur justement. La prestation de Roman Kané, dans le rôle clef de William, est particulièrement marquante, ainsi que celle d'Issame Chayle, dans celui de Bennett.
Les scènes sont ponctuées de passages musicaux, tirés du répertoire punk, qui illustrent parfaitement l'énergie, la colère, la sexualité des personnages et dont l'idéologie vient éclairer le propos, en faisant également rentrer avec elle les classes populaires sur scène.
La musique est donc ainsi un personnage à part entière, qui selon Tanya Lopert, serait la colonne vertébrale du spectacle. Ces séquences musicales sont illustrées par un jeu de lumière stroboscopique, mis en place par Antonio de Carvalho, qui souligne encore d'avantage le message et du texte et de la bande sonore. |