Elle est la fille du peintre Olivier O. Olivier, pataphysicien, membre de l'Oupeinpo et co-fondateur du groupe Panique (avec Arrabal, Jodorowsky, Topor et alii). Elle, elle a touché un peu à tout, parfois sur sa route propre, parfois avec les amis de papa (en vidéo, elle sera la muse du poète de Topor, qui lui offrira aussi les textes de son premier spectacle en son nom). Elle a construit sa voix, et ça s'entend, à la même école que L (l'alias de Raphaële Lannadère), avec l'ensemble polyphonique Les glottes-trotters.
Pink Galina est l'aboutissement sur disque de ce parcours touche-à-tout / cherche-toi, fait de scènes diverses, d'une certaine bohème. S'y entendent l'appétit de scène, l'esprit d'une diva cabaret-punk amoureuse de la musique elle-même plutôt que d'un style ou d'un autre, à la culture et l'esprit créatif féroces, toutes dents dehors.
Malgré ces avant-airs iconoclastes, Pink Galina s'étale en sonorités assez classiques, empruntées au jazz, au fado, au tango, à la grande tradition de la chanson française "à texte", la pulsation déséquilibrée clairement emmenée par l'omniprésente contrebasse de Stephen Harrison.
On songe, parfois, à Vian ou au Gainsbourg dans le ravin, pour l'esprit sinon la note. Le disque fait ainsi surtout la part belle aux textes, et les textes à la belle elle-même. C'est que Pink Galina semble valoir surtout pour son auteure, dont la jubilation à écrire et chanter s'entend. Véritable auto-délectation ? Certainement. Le plaisir passe par la bouche. Il passe aussi, probablement, par le reste du corps, car on imagine assez bien la chanteuse en résilles et aiguilles, plantée sur les planches d'une scène piano-bar, vibrante et sensuelle, jouissant d'être là, tout simplement, en face de ceux qui seraient venus pour l'écouter. |