Comédie dramatique écrite et mise en scène par Joël Pommerat, avec Patrick Bebi, Hervé Blanc, Éric Forterre, Ludovic Molière et Jean-Claude Perrin.
Quatre hommes sont réunis dans une chambre d’hôtel à peine éclairée, rejoints bientôt par un cinquième. S’agit-il d’hommes de mains de la maffia, de bandits préparant un casse ?
Point du tout : dans "La Grande et Fabuleuse Histoire du Commerce", spectacle de commande pour la Comédie de Béthune, Joël Pommerat évoque une fois encore un de ces thèmes favoris : la relation au travail.
Ces hommes sont des vendeurs au porte à porte qui essayent toute la journée de faire des ventes et d’atteindre le Graal en rapportant devant les collègues rassemblés en fin de journée à l’hôtel, le nombre maximum de commandes fermes.
On assiste jour après jour, débuts et fins de journée, à la vie du groupe sur deux époques. Dans la première partie située dans les années 60, Franck, un jeune vendeur naïf et inexpérimenté se heurte au monde terrible de la vente, à ses méthodes "à l’américaine" et à ses vieux briscards sans vergogne.
Et tandis qu’il prendra confiance, tout en gardant sa personnalité mais en abandonnant certaines de ses valeurs en route, il obtiendra des résultats étonnants quand les vieux verront leurs résultats chuter de façon vertigineuse.
Dans la seconde située de nos jours, Frédéric (un Franck du début qui aurait réussi et serait devenu un leader) et ses équipiers tentent de vendre dans un quartier modeste, empêchés encore par la conjoncture.
Autour d’un lit tournant qui se déplace et crée des décors différents, de chambres d’hôtels en chambres d’hôtels que ces vendeurs occupent, les cinq comédiens (Eric Forterre, Ludovic Molière, Hervé Blanc, Jean-Claude Perrin et Patrick Bebi) jouent avec talent cette farce aussi burlesque que tragique où Joël Pommerat, dans une mise en scène au cordeau, livre un réquisitoire ardent contre une société de plus en plus déshumanisée.
Une fois de plus, le travail des lumières d’Eric Soyer, jouant avec les contrastes et recréant une ambiance "années 60", est impressionnant. Une fois de plus, la Compagnie Louis Brouillard livre un spectacle implacable sur les dérives de notre société. Pas inoubliable mais bigrement efficace. |