Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Narcisa
Jonathan Shaw  (13E Note Editions)  avril 2014

Reconverti en littérature, Jonathan Shaw, fils d'artistes, ex-matelot baroudeur qui a connu les sévères addictions ataviques étasuniennes avant de se consacrer avec succès au tatouage et devenir le tatoueur des stars hollywoodiennes, livre avec "Narcisa" un premier roman particulièrement réussi qui constitue une déclinaison carioca de la "Lolita" de Nabokov mais à la puissance dix.

Placé sous le signe de la toxicomanie irréductible, de la frénésie sexuelle et de l'asservissement, cet opus, dont le titre original est "Narcisa. Our lady of ashes, a tale of love and terror" et que son auteur qualifie de "cirque de la vie dans ce qu'elle a de surprenant, de merveilleux, d'horrifiant parfois, vu à travers le prisme de l'imaginaire", plonge en apnée au coeur de la passion amoureuse qui s'avère un abyme sans fond.

Ignacio Valencia Lobos, né au Brésil d'un père gadjo qui a vite taillé la route et d'une mère tzigane alcoolique qui le laisse orphelin à 5 ans, confié à une tante de chez qui il s'enfuit à dix ans pour devenir un enfant des rues de Rio, cette "tribu des bâtards perdus".

Il a tout connu, l'alcool, la drogue, la délinquance, la prison car il est d'une lignée "bonne à foutre à la poubelle" et victime de ce qu'il nomme la Malédiction, celle du sang, ce sang mélangé qui coule dans ses veines. Et pourtant il a survécu.

A la quarantaine, sevré et désintoxiqué, à peine sorti de prison il revient, tel le fils prodigue, dans sa ville natale de Rio à la faveur de l'héritage de sa tante qui lui a légué un petit appartement dans un quartier populaire du centre-ville. Une page semble être tournée.

Mais dès le premier jour, il "la" rencontre. "Son petit sourire de Joconde ou de Joker illumine la nuit et c'est parti, nos regards se croisent et je sais que je suis foutu".

Elle, c'est Narcisa, "lolita carioca et déesse du crack", une nymphette de seize ans aux neurones complètement carbonisés aux drogues, de la colle au crack, punk radicale adepte du "no future-no limit", fille des rues, prostituée, dealeuse, voleuse, et peut-être pire encore.

Immédiatement il l'identifie comme la figure humaine de Dakini, l'esprit féminin de la colère et de la furie dans la mythologie tibétaine et cependant il devient l'esclave absolu de "la Créature" dont le comportement n'obéit à aucune règle ni logique.

Bien qu'irresponsable, ingérable, violente, autodestructrice, délirante et hallucinée, elle devient sa raison de vivre : "Avoir une chérie du genre de Narcisa, c'était l'équilibre parfait entre s'occuper d'une mioche attardée hyperactive atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette et vivre en présence d'un génie extraordinaire au visage et au corps de jeune vénus ravagée".

Cet amour monstre et monstrueux l'entraîne dans des gouffres insondables et sa seule planche de salut, si salut il peut y avoir, tient à ce qu'elle ne parvient pas à l'entraîner avec elle dans la spirale infernale de la drogue.

Il conserve toute sa lucidité et se livre à une analyse sans complaisance de l'engrenage maudit dans lequel il est entraîné et dont il ne veut pas s'échapper notamment parce que mû par la croyance en une rédemption et un sauvetage dont il serait l'instrument. Et puis aussi parce qu'elle lui tend un miroir de ce qu'il a été.

L'écriture, telle qu'elle ressort de la traduction de Agathe Neuve, est magnifique. C'est de la littérature, pas de la prose d'atelier d'écriture, qui rend compte de cette effrayante addiction que peut être l'amour quand il est ainsi que l'écrit la chanteuse américaine Lydia Lunch, signataire de la préface, "un champ de bataille, un champ de mines, un abattoir, un camp de réfugiés, un bordel, un asile d'aliénés, une prison, un purgatoire où les brutalités se répercutent à l'infini".

Roman noir et flamboyant, "Narcisa" est également une expérience extrême par plume interposée, une lecture qui consume le lecteur.

Toujours dixit Lydia Lunch "un roman rongé par le désir, dégoulinant de sang, de sueur et de foutre indispensable pour qui s'est fait démonter, niquer jusqu'à l'os par la possessivité et la jalousie".

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

Abonnez vous à la Newsletter pour recevoir, outre les mises à jour en avant première, des infos de première importance et peut être des choses dont vous n'avez même pas encore imaginé l'existence et l'impact sur votre vie... et nous non plus.

se désabonner, changer son mail ... c'est ici!


» Contacter un membre ou toute
   l'équipe (cliquez ici)


Afficher les chroniques d'un membre :

Liste des chroniques... Cécile B.B.
Liste des chroniques... Cyco Lys
Liste des chroniques... David
Liste des chroniques... Didier Richard
Liste des chroniques... Fred
Liste des chroniques... Jean-Louis Zuccolini
Liste des chroniques... Julien P.
Liste des chroniques... LaBat’
Liste des chroniques... Laurent Coudol
Liste des chroniques... Le Noise (Jérôme Gillet)
Liste des chroniques... Margotte
Liste des chroniques... MM
Liste des chroniques... Monsieur Var
Liste des chroniques... Nathalie Bachelerie
Liste des chroniques... Nicolas Arnstam
Liste des chroniques... Paola Simeone
Liste des chroniques... Philippe Person
Liste des chroniques... Rickeu
Liste des chroniques... Séb.T

 

Les articles de ce site sont la propriété de froggydelight.com et de leurs auteurs.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=