Dona Rosita, la célibataire
Spectacle d'après l'oeuvre de Federico Garcia Lorca, mise en scène de Chloé Rossignol, avec Sophia Alma, Laureen Debray, Eloïse Hérault, Fabien Hily, Christina La Mia, Ludivine Maffren et Polchü.
Inspirée de Federico Garcia Lorca, "Dona Rosita, la Célibataire" tient à la fois du théâtre et de la comédie musicale.
Dans sa mise en scène, Chloé Rossignol a amplifié ce second aspect en utilisant 5 danseuses et 2 musiciens pour conter cette histoire d'amour à sens unique dans laquelle Dona Rosita attend son cousin, celui qu'elle aime et qui ne revient pas.
Hymne total au flamenco, musique qui parcourt les corps et remplit les âmes, "Dona Rosita, la Célibataire" ne prendra son ampleur que sur une scène plus grande où ses cinq danseuses pourront déployer jusqu'à l'excès le cri obsessionnel de la femme délaissée.
Aux accents de la guitare andalouse, on sera sous le charme de ce quintet tout en grâces ibériques vraiment pénétré par les mots de Lorca.
Nulle part à l'heure
Comédie dramatique écrite et mise en scène par Alexandra Cismondi, avec Joséphine de Meaux, Yannick Mazzilli, Rudy Milstein, Joséphine Draï et Alysson Paradis.
Avec son titre référence à une vieille émission branchée d'une chaîne dont on ne peut critiquer les intentions, ses comédiens qui frémissent tous aux portes de la gloire, son sujet porteur d'émotion, "Nulle part à l'heure" a le profil pour faire consensus et occuper bientôt une bonne scène.
Comment ne pas être sensible à la sensibilité de Joséphine de Meaux, l'héroïne au cinéma des "Ducobu" ? Comment ne pas compatir aux efforts de ses partenaires pour lui faire oublier le drame qui lui fait oublier tout le reste ?
Encore "plus chantage à l'émotion" que son homologue cinématographique "Se souvenir des belles choses", "Nulle part à l'heure" devrait plaire et émouvoir la majorité de ses spectateurs et déplaire à quelques méchants très critiques sur l'accumulation de dispositifs propices à ratisser large les bons sentiments.
Bilan de compétences
Monologue dramatique écrit par Xavier Claudon, Éric de Montalier et Julien Boisselier, dit par Éric de Montalier dans une mise en scène de Julien Boisselier assisté de Lou Bonetti.
Cinéaste, acteur, viveur, dilettante et bon copain genre "Petits Mouchoirs", Eric de Montalier a bien raison de tenter le "seul en scène" pour jouer un viveur, dilettante et bon copain genre "Petits mouchoirs".
Quadragénaire pour de nombreuses années, il raconte sa vie à travers la vie d'un autre et le fait avec tant de naturel qu'on a l'impression qu'il improvise alors que son texte accumule les prouesses d'écriture.
Bien entendu, en l'état, le spectacle est un peu connivent avec clins d'oeil sur scène de Julien Boisselier et de Lou Bonetti et hors scène des amis genre "Petits mouchoirs", comme Gilles Lellouche et Jean Paul Rouve.
Une fois recentré pour un plus large public, ce comédien captivant, qui atteint l'âge où Gérard Darmon et François Berléand sont devenus indispensables, devrait casser la baraque avec son "Bilan de compétences".
Dame Fleur
Comédie de Justine Bruneau, mise en scène de Tadrina Hocking, avec Judith Caen et Justine Buneau.
Jouant une fleuriste peu conventionnelle et bien inquiétante derrière sa jolie blondeur, Justine Bruneau a écrit avec "Dame Fleur" un texte qui a l'originalité d'être vraiment original. Le duo insolite qu'elle forme avec Judith Caen prend tout de suite corps et ne dévoile son mystère que peu à peu.
Entrant par hasard, un jour de pluie incessante, dans la boutique de Justine, Judith, jeune femme banalement sympathique, ne sait pas, et encore moins le spectateur, qu'elle vient de changer le cours de sa vie.
En une demi-heure, on est emporté bien loin de son quotidien, dans un pays où l'on ne va hélas pas si souvent que ça : le théâtre. Avec peu de choses et peu de mots, Justine Bruneau construit vraiment une situation théâtrale pleine de surprises qu'on n'oubliera pas.
On attend désormais avec impatience de revoir "Dame Fleur" en version intégrale et de découvrir d'autres textes de Justine Bruneau.
In Heaven, everything is fine ou Le Rêveur et la poupée Comédie dramatique de Eric Herson-Macarel d'après l'oeuvre de Fedor Dostoievski, mise en scène de Eric Herson-Macarel, avec Anthony Bouillonnois, Sophie Dufouleur et Gilles Kneusé.
Inspiré de pages sombres de Fedor Dostoïevski, "Le Rêveur et la poupée" commence de manière sinistre : relégué dans une espèce de cave où trône une chaufferie et assis sur une chaise d'arbitre de tennis, un homme, "le rêveur", raconte un souvenir d'amour de ses jeunes temps passés, quand il n'était pas encore cloîtré dans ce monde souterrain.
Dense, rigoureux, sans fausses notes, le travail d'Eric Herson-Macarel aurait sans doute gagné à se voir adjoindre une pincée de fantaisie. Ainsi même dans sa tenue de danseuse rose bonbon, Sophie Dufouleur semble prisonnière de ce climat austère où il ne fait pas bon quitter les rails du drame.
Dommage car, comme ses compagnons Anthony Boullonnois et Gilles Kneusé, elle est indiscutablement une bonne comédienne. Pas sérieux s'abstenir dans cette proposition estimable mais qui finit par perdre toute originalité à force de s'enfoncer dans une auto-gravité déprimante. |