Drame de Miro Gavran, mise en scène de Marie-Françoise et Jean-Claude Broche, avec Marie Broche et Mathieu Barbier.
Créon, qui a décidé d'éliminer tous ses adversaires pour mieux régner, a fait arrêter et condamner à mort sa nièce Antigone.
Pour qu'elle obtienne quelques semaines de répit, il lui propose de jouer la pièce qu'il a écrite où tous deux apparaîtront sous leur meilleur jour et qui sera pour lui un moyen de se dédouaner auprès de son peuple et de ne pas se montrer comme le tyran sanguinaire qu'il est.
Pièce beaucoup complexe qu'elle n'en a l'air, écrite dans les années 80, "L'Antigone de Créon" de Miro Gavran traduite par Andréa Pucnik fût créée en 2007 par la Compagnie Roseau Théâtre qui la défend depuis lors.
Pièce sur le pouvoir, elle dénonce le totalitarisme et l'asservissement, la manipulation. Elle évoque aussi la mort et la peur de celle-ci, la capacité à se révolter, le poids des idées...
Ce qui est passionnant dans la pièce de Miro Gavran, auteur croate, c'est la mise en abyme et également l'évolution du personnage d'Antigone, pauvre jeune fille riche et insipide, qui, au contact du texte qu'elle doit jouer va se révéler et oser enfin affronter Créon.
C'est la puissance des mots et de ce qu'ils peuvent éveiller en chacun de nous. On ne révèlera pas le renversement final bien vu par Gavran qui fait froid dans le dos et alerte sur les dangers de l'oppression.
Les deux comédiens, Marie Broche et Mathieu Barbier, sont impressionnants d'engagement, de force et d'émotion. Duo aussi complémentaire que puissant, à l'écoute l'un de l'autre en permanence, ils nous offrent un face à face d'anthologie. Acteurs sensibles et généreux, ils donnent toute leur âme dans cette pièce qu'ils défendent de la première à la dernière seconde.
La mise en scène de Marie-Françoise et Jean-Claude Broche, en produisant grâce aux lumières, aux costumes et aux maquillages une tonalité futuriste à la Enki Bilal contribue à faire de "L'Antigone de Créon" un spectacle marquant et prenant, un de ceux auquel on repense longtemps après l'avoir vu... |