Dédiée à l'Art brut, la Halle Saint Pierre propose au public, outre des expositions thématiques et des monstrations monographiques, de découvrir les collections internationales d'Art brut.

Intitulé "Sous le vent de l’art brut 2 : La Collection De Stadshof", le deuxième volet de ce périple est consacrée à cette collection néerlandaise qui fête son 30ème anniversaire en 2014.

Le commissariat de cette exposition organisée avec la collaboration du Musée Dr. Guislain de Gand est assuré par Martine Lusardy, commissaire de l'exposition et directrice de la Halle Saint Pierre.

Avec la collaboration de Liesbeth Reith et Frans Smolders, conservateurs de la Collection De Stadshof qui sont à l'origine de cette collection, elle s'est immergée dans son fonds riche de plus de 7 000 oeuvres pour en présenter un florilège d'une grande pertinence au regard de la nébuleuse artistique que constitue l'art brut.

L'Art brut dans tous ses états

Avec ses synonymes d'art singulier et d'art outsider, après avoir été qualifié d'art naïf ou d'art des fous et parfois assimilé à l'art populaire, cette catégorie générique regroupe des réalités très différentes sur le critère du plus petit dénominateur commun qu'est l'absence de culture artistique.

Ainsi cette nébuleuse artistique que recouvre la qualification d'art brut regroupe tant les artistes autodidactes intégrés dans le marché de l'art entendu au sens large du terme, dont nombre sont reconnus, et les oeuvres de personnes handicapées ou atteintes de troubles mentaux (ci-dessous Ron Wenzel) dont les créations spontanées constituent le véhicule cathartique d'obsessions, d'angoisses, de fantasmes et de rêves angoisses, qui ne sont ni dans la conscience ni, a fortiori, dans la posture de l'artiste.

Les oeuvres exposées naviguent entre ces deux pôles et les artistes renommés côtoient celles les "anonymes confidentiels" sans hiérarchisation ni regroupement stylistique ou thématique et ont été judicieusement sélectionnées pour éviter l'aspect "carte d'échantillon" en privilégiant la mise en avant de 40 artistes.

Au visiteur de s'approprier les espaces et au fil d'une déambulation plus émotionnelle que didactique se dégagent d'intéressants appariements.

Ainsi, les architectes de l'imaginaire avec l'art textile de Marie Rose Lortet et ses maisons arachnéennes en fil de coton et la "Cité idéale" miniature de Bertus Jonckers, avatar néerlandais du Facteur Cheval.

Avec ses créatures "alien" constituées par l'assemblage d'objets de récupération, Markus Meurer pratique "l'art du déchet" qui n'est pas sans évoquer les pratiques du Nouveau réalisme.

Tout comme les dessins de Adam Nidzgorski font songer au groupe Cobra et notamment à Pierre Alechinsky qui utilisait les documents écrits comme supports pour ses dessins.

Pour le courant qualifié "art primitif contemporain", le visiteur pourra voir une belle sélection d'oeuvres de peintres ayant pignon sur rue,tels Philippe Azema avec ses fresques "paléolithiques" et Christine Sefolosha et son bestiaire fantastique.

Un bel hommage est également rendu au plasticien néerlandais Willem Van Genk, diagnostiqué comme autiste et schizophrène, décédé en 2005.

Après avoir pratiqué le collage, avec des oeuvres stigmatisant un univers urbain concentrationnaire recréé à partir de photos découpées dans des magazines, il s'est consacré à la réalisation maniaque et minutieuse de maquettes d’autobus confectionnées avec des matériaux de récupération.

Ses oeuvres sont désormais hautement côtées et l’American Folk Art Museum de New York lui consacre actuellement une exposition monographique.