Dix ans d’existence et troisième album, les cinq musiciens du Bruit Qui Court présentent leur dernier acte insoumis : X.

Désabusés et libertaires, les camarades canalisent leur rage dans des textes ciselés et vindicatifs. La rancune perce les rythmes, comme une horloge scandant les secondes écoulées avant le soulèvement.

La voix grave, parlée, comme un dialogue amorcé, le phrasé saccadé, les refrains répétés comme des incantations vaudou. Ils haussent le ton et accélèrent les notes, à la manière d’un tableau, on commence par petites touches, puis on termine par de grands coups de pinceaux. A la manière d’un discours pour la liberté. Au début, doucement, puis de plus en plus fort, on s’enflamme et on finit en nage, hirsute, les yeux brûlés et la gorge en feu.

Il n’y a pas assez d’artistes de leur trempe, de ceux qui osent défendre leurs convictions plutôt que de sombrer dans un mièvre méli-mélo de déclarations à des personnages prétentieux. Bruit Qui Court a la rage des révolutionnaires et la voix des libertaires. Cet album est également un hommage à un révolutionnaire français disparu en 2011 : Charlie Bauer.

Des claviers, du texte, un refus de marcher dans les clous, de suivre le lavage de cerveau préconisé dès l’enfance, assumer ses erreurs, être libre et refuser de se soumettre. Ça sent un brin l’anarchie. Facile de cracher sur la société. Mais il le faut pour éveiller les consciences. Bruit Qui Court accouche les esprits de ce qu’ils ont de plus enfoui : le libre arbitre.

"Je revendique ma haine, ma colère et ma rage" ("Ma haine, ma colère et ma rage")

"J’ai choisi mon drapeau, ma révolution, pour monter comme les autres sur la scène de l’histoire" ("Comme une trainée de poudre")

"Libres, indépendants, insolents, apatrides et hors la loi, j’ai la violence de ceux qui n’ont plus rien, perdus dans leur silence ici et maintenant." ("I/M")