Pièces courtes de Georges Courteline mises en scène par Geoffrey Lopez, avec Odile Blanchet, Louise Duhamel, Laëtitia Galy, Emmanuel Gaury, Geoffrey Lopez, Isis Montanier et Rémi de Monvel.

Quarté gagnant pour la jeune Compagnie Les Mains du Marionnettiste et son premier opus intitulé "Les Boulingrin et autres pièces" avec cette composition de quatre courtes pièces de Georges Courteline que Geoffrey Lopez a ingénieusement et judicieusement boutiqué et mis en scène autour de le thématique de la scène de ménage.

D'une part, en les combinant de manière de crescendo depuis la chamaillerie ("Le Gora") mettant aux prises grammaticales une dinde-cocotte et son pigeon au pugilat matrimonial ("Les Boulingrin") en passant par l'époux-dindon de la farce sociétale ("La conversion d'Alceste")et la dispute ritualisée ("La peur des coups").

D'autre part, comme la frontière est mince entre la comédie et le drame, il procède à une novation en esquissant par voie d'un hors-champ sonore inséré dans le bref noir transitionnel un dénouement moins burlesque.

Enfin, car avec la collaboration de Guillaume d'Harcourt, la mise en scène, vive et alerte, restitue tant la puissance satirique que la rythmique reposant sur le comique de mots de ces partitions érigeant en épopée les micro-événements du quotidien petit-bourgeois et stigmatisent sa médiocrité voire sa bêtise.

Dans un décor classique de salon bourgeois et en costumes d'inspiration Belle Epoque sans viser toutefois à la reconstitution, la distribution éclairée en termes d'emploi et le jeu accompli et homogène de ces jeunes comédiens quasiment tous formés à la bonne école, celle du Cours Cochet-Delavène, concourent à un excellent divertissement.

Tous les officiants révèlent des talents prometteurs. Côté masculin, Emmanuel Gaury assure les rôles truculents, du fat poète au pique-assiette, Rémi de Monvel épate dans ceux de vibrion, en atrabilaire à jamais guéri de la vie en société et en matamore jaloux, et Geoffrey Lopez assure un grand écart stylistique entre le dandy, le Philinte faux frère, et un gros bourgeois balzacien.

A leurs côtés, et dans de vigoureuses confrontations, un bel ensemble féminin avec Laëtitia Galy, parfaite en maîtresse gouailleuse et soubrette futée, et Isis Montanier à l'abattage comique certain en bourgeoise plantureuse et pétulante. Odile Blanchet et Louise Duhamel se distinguent dans le difficile rôle de coquette, en l'occurrence dans ses deux déclinaisons, et respectivement, la blonde, beauté froide de l'indéfectible coquette mondaine et la brune, piquante épouse aguicheuse du vaudeville.

Donc une troupe disposant de tous les atouts, notamment pour affronter le théâtre de répertoire, à découvrir et à suivre,