Déjà renversé avec son roman graphique L’art de voler, Antonio Altarriba nous revient avec le second et dernier volet de sa saga familiale sous le titre L’aile brisée.
Après la biographie de la vie tumultueuse et passionnante de son père, il nous raconte la vie tout autant tumultueuse de sa maman. Bon OK, on pourrait se dire que le bonhomme a l’intention de surfer sur la vague du succès de son premier opus pour nous refourguer un deuxième volet sur la mère en espérant la même réussite.
Et ben non, à la lecture de la vie de sa maman on se rend vite compte que cette biographie maternelle a autant sa place que celle du papa tant sa vie mérite d’être racontée. Une nouvelle fois, ce roman graphique est passionnant et terriblement bouleversant.
La BD commence quelques jours avant la mort de Petra, la mère de l’auteur, lorsque celui-ci se rend compte que sa mère a un bras handicapé depuis qu’elle est bébé à cause de la brutalité de son père, "son aile brisée". L’histoire est construite en 4 chapitres autour de 4 hommes de la vie de cette femme, le premier étant consacré à Damian, son père qui lui a brisé le bras et les trois autres à un général franquiste pour qui elle travaillera, Antonio son époux dont elle se séparera et Emilio qu’elle rencontrera à la fin de sa vie.
On traverse une fois de plus l’histoire de l’Espagne avec cette bande dessinée sous l’œil d’une femme pour y voir les difficultés d’émancipation rencontrées par celles-ci en partie à cause de l’Eglise ultra-conservatrice de l’époque. Enfin, alors que l’histoire du père était marquée par son engagement aux côtés des républicains, on découvre l’histoire de la mère à travers l’autre camp, celui des franquistes. La mise en image de Kim, ne l’oublions pas, est toujours aussi pertinente, faisant de leur association une véritable réussite. Une BD à lire d’urgence |