A BEAUTIFUL DAY
Réalisé par Lynne Ramsey. Grande Bretagne/France/Etats Unis. Thriller. 1h30 (Sortie le 8 novembre 2017). Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, Alex Manette, John Doman, Judith Roberts, Jason Babinsky et Franck Pando.

Joaquim Phoenix tient ses fans en haleine, annonçant régulièrement qu’il ne fera plus de cinéma, qu’il en a fait le tour, après avoir laissé beaucoup de lui-même dans les personnages qu’il a dû incarner.

Plutôt malin pour un acteur auquel certains vouent un véritable culte. Pour notre plus grand bonheur, il n’a pas encore mis sa menace à exécution. Il continue à inspirer les scénaristes et réalisateurs qui viennent chercher en lui ce mélange fascinant de trouble, de mystère, de beauté atypique.

Au sommet de son art, le volcan prêt à exploser à chaque instant, fera ici, dans " A beautiful day", un parcours rédempteur. En proie à des accès de violence qu’il met au service de causes désespérées. Un combat inévitable lorsqu’il s’agit de sauver une jeune fille de griffes pédophiles.

Un film frontal et pudique en même temps. Tout le talent d’une directrice d’acteurs britannique, Lynne Ramsey, déjà remarquée pour "We need to talk about Kevin". L’ultra violence peut être totalement gratuite sur grand écran. Quelquefois en jaillit la lumière au bout du tunnel, l’espoir d’un jour meilleur... au moins un.

LA MONTAGNE ENTRE NOUS
Réalisé par Hany Abu-Assad. Etats Unis. Drame. 1h47 (Sortie le 8 novembre 2017). Avec KAte Winslet, Idris Elba, Beau Bridges, Dermot Mulroney, Linda Sorensen, Vincent Gale, Marci T. House et Dania Nassar.

"La montagne entre nous" de Hany Abu-Assad : le mythe du happy ending à l’américaine... n’est pas un mythe. On passe un agréable moment à découvrir cette histoire à la fois romantique et haletante.

Ca sonne un peu comme la sélection France Loisirs, vous savez, celle que vous recevrez si vous n’avez pas passé commande à temps de votre achat trimestriel. Le scénario est attendu.

Bien sûr ces naufragés aériens paumés au beau milieu d’un océan de montagnes enneigées s’en sortiront. Bien sûr ils s’en sortiront changés à jamais d’avoir frôlé la mort d’aussi près. Bien sûr qu’ils céderont au désir avant de retrouver leur vie d’avant. Mais c’est là que survient le deuxième effet Kiss Cool, digne de "Coup de foudre à Notthing Hill".

Ok, je m’en tiens là, vous diriez que j’ai spoilé la fin. Kate Winslet à elle-seule mérite de voir le film sur RTL9, un dimanche d’hiver figé par l’ennui.

MISE A MORT DU CERF SACRE
Réalisé par Yorgos Lanthimos. Grande Bretagne/Irlande. Drame/Fantastique. 2h01 (Sortie le 1er novembre 2017). Avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Barry Keoghan, Alicia Silverstone, Raffey Cassidy, Sunny Suljic, Bill Camp et Anita Farmer Bergman.

"Mise à mort du cerf sacré" de Yorgos Lanthimos : Scénario un peu barré à la symbolique étrange, ce film laisse une trace, indéniablement. On ne sait vraiment si l’on a aimé ou non. Le sacrifice du fils d’Abraham en filigrane, peut-être.

L’intérêt réside essentiellement dans la première partie du film où le spectateur se trouve déstabilisé par la relation troublante qu’entretient un chirurgien avec un adolescent au comportement équivoque. L’ambiguïté règne, le voile ne se levant que tardivement et tant mieux.

La seconde partie est question de vengeance, lorsque le film bascule peu à peu dans le genre thriller psychologique qui fit les choux gras d’Hollywood dans les années 90 et de nouveau très en vogue. Nicole Kidman et Colin Farrel furent un choix judicieux pour camper des personnages dont on peine à préciser les contours.

JALOUSE
Réalisé par David Foenkinos et Stéphane Foenkinos. France Comédie. 1h46 (Sortie le 8 novembre 2017). Avec Karin Viard, Anne Dorval, Thibault de Montalembert, Anaïs Demoustier, Dara Tombroff, Bruno Todeschini, Marie-Julie Baup et Corentin Fila.

"Jalouse" : Un film qui se veut grinçant et corrosif mais le jet n’atterrira pas bien loin. En fin de compte rien ne dépasse vraiment dans l’écriture des frères Foenkinos.

La morale prend le dessus, il ne faudrait pas heurter la sensibilité de la ménagère de plus de 50 ans qui regardera le film dans six mois sur TF1. Le titre est assez mal choisi puisqu’il s’agit d’une banale histoire de dépression.

Karin Viard y est formidable, aucun débat là-dessus. Karin Viard est toujours formidable, même au service d’un scénario peu crédible couronné d’une scène finale théâtreuse à souhait, fort embarrassante.

On reste à des années lumière de réussites comme "Irréprochable" avec Marina Foïs ou de l’adaptation du Michel Houellebecq, "Extension du domaine de la lutte".

MARYLINE
Réalisé par Guillaume Gallienne. France. Drame. 1h47 (Sortie le 15 novembre 2017). Avec Adeline D'Hermy, Vanessa Paradis, Alice Pol, Eric Ruf, Xavier Beauvois, Lars Edinger, Pascale Arbillot et Clotilde Mollet.

La Comédie Française semble tout à fois une excellente école où l’on apprend ses basiques et un carcan dont il faut savoir s’extirper. On y fait ses gammes comme nul part ailleurs, baignés dans les moyens et les grands classiques du répertoire. Il y a pourtant et heureusement une vie ailleurs.

A n’en pas douter, Adeline d’Herny, la jeune comédienne qui en est issue, est promise à un bel avenir. Mais comme avec "Guillaume et les garçons à table", dans "Maryline", Guillaume Gallienne ne parvient pas totalement à lâcher les chiens.

On sent encore ce petit travers consistant à se regarder filmer. Un côté "wait, je vais vous montrer comment on fait du cinéma". On ne sait jamais vraiment à quoi cela tient, mais on le ressent.

Frappant lorsqu’une Vanessa Paradis apparait et crève l’écran de liberté dans le jeu, sans besoin d’en faire des tonnes, plus intérieure. La difficulté est sans doute plus grande quand on met trop de sa propre histoire dans un personnage ou à tout le moins quand on ne garde pas la bonne distance.

Et les étapes que franchira cette jeune apprentie-comédienne jusqu’au succès des planches restent un peu caricaturales pour qu’on adhère vraiment à cette production que certains critiques ont cependant qualifié de chef d’oeuvre. Peut-être ne suis-je pas fan des chef d’oeuvres académiques...

Vents d'Orage