Monologue dramatique d'après a nouvelle éponyme de Franz Kafka interprété par Mahmoud Ktari dans une mise en scène de Khadija El Mahdi. Les chansons "Moi le clown" de Marcel Amont et deux créées en 1931 l'année de l'Exposition coloniale internationale de Paris, "J'ai deux amours", immortalisée par Joséphine Baker et "Viens à l'exposition", et des images d'archives du temps des "folies" coloniales exhibant hommes et animaux "exotiques", scandent le monologue dramatique "Rapport pour une académie" mis en scène par Khadija El Mahdi.
Le texte élaboré par Vincent Freulon résulte d'une adaptation de la nouvelle éponyme de Franz Kafka qui décline à nouveau le procédé du masque pour traiter de l'altérité en relatant les réflexions d'un singe doté d'une solide intelligence, d'un sens aigu de l'opportunité salvatrice et de la faculté de résilience.
Car celui-ci, après sa capture violente, a fait le deuil de la liberté et de son milieu d'origine, et, face à la seule alternative possible, le parc zoologique ou le cirque, opte pour le choix du moins pire, singer l'humain, pour devenir un artiste circassien.
Et Khadija El Mahdi apporte un éclairage novateur à la contemporaine résonance politique, car, après la représentation, dans sa loge débarrassé de son accoutrement, le singe qui revêt le costume masculin, s'il se révèle plus qu'un singe savant tant s'avère probante son imitation de l'homme, ne saurait renier son identité originelle.
Au jeu, et double jeu, voire même triple en miroir, sans recours à la gestuelle simiesque souvent attendue au soutien de la bouffonnerie pour désamorcer le tragique, pesant chaque mot lourd de sens de ce coeur de singe en cage, Mahmoud Ktari délivre une prestation inspirée et incarnée d'une intense humanité.
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