Comédie dramatique de Sarah Berthiaume, mise en scène de Martin Faucher, avec Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau et Mounia Zahzam.
Une banlieue grise. Deux copines et la mère de l'une. Trois femmes qui cherchent un sens à leur vie. La première, Antigone va passer une audition et souhaite pouvoir jouer son rôle éponyme chez Sophocle pour crier sa révolte.
Jade, elle, passe son temps devant ses écrans en faisant des listes. Consciente que la télé tue sa colère à petit feu, elle s'éprend d'un énigmatique correspondant, H. , rencontré sur internet qu'elle s'apprête bientôt à rejoindre dans sa lutte pour la "vérité".
Quant à sa mère, Inès, avec qui elle n'a quasiment plus aucune communication ni aucune complicité, elle cherche elle aussi le sens de son existence à travers les nouvelles tendances.
Antioche en Turquie, où elle doit retrouver son "prince" sera le lieu de la rencontre avec la jeune fille qu'était sa mère et mettra en évidence le même désir qu'elle à son âge. Et le même chemin qu'elle se prépare à suivre dans l'autre sens.
La pièce, souvent en adresse public, nous fait suivre ces trois personnages aussi touchants que déboussolés. Sarah Berthiaume décrit une génération en perte de repère et d'idéaux mais qui refuse la société qu'on lui propose, mettant en parallèle la révolte d'Antigone face à Créon et l'ordre établi, emmurée vivante comme elles le ressentent toutes trois dans les rails d'une vie toute tracée.
Comme dans d'autres textes récents, elle évoque les recruteurs sur internet profitant de ce besoin de révolte et de liberté chez des jeunes femmes. Elle nous offre de surcroît une superbe scène de confrontation entre la mère et la fille, point d'orgue de ce spectacle juste et porté par une belle énergie qui dit surtout l'importance des choix et de l'action.
La mise en scène de Martin Faucher donne à ce texte plein de frénésie toute la force voulue et dirige avec acuité trois comédiennes remarquables : Sarah Laurendeau (déjà formidable dans "L'Avalée des avalées"), Sharon Ibgui et Mounia Zahzam qui mènent un "Antioche" aussi dense qu'émouvant. |