Découverte des éditions La Baconnière pour moi avec ce court ouvrage d’une certaine Alice Ceresa et de son ouvrage Bambine. Alice Ceresa est une écrivaine suisse d’origine tessinoise décédée en 2001 à 78 ans. Dès 1950, elle vécut à Rome où elle travailla comme journaliste, consultante éditoriale et éditrice. Elle publia La fille prodige, La mort du père et Bambine en 1990, des ouvrages qui explorent principalement "la vie au féminin" et les dynamiques familiales.
Ce roman dresse le portrait intimiste d’une famille ordinaire à travers les souvenirs d’enfance et d’adolescence de deux sœurs. Par la description analytique de ce corps domestique – un père, une mère et deux filles – est mis à jour le jeu des forces, des tensions et des résistances qui les agrègent, dans le quotidien partagé au fil du passage des années, de l’enfance à l’âge adulte.
Alice Ceresa scrute les mécanismes de cette famille patriarcale et l’aliénation qui découle inexorablement de l’assignation des rôles. Ce regard désenchanté sur la famille nourrit un récit d’une précision chirurgicale et d’une ironie savamment dissimulée.
C’est plutôt une bonne idée que celle des éditions de la Baconnière de publier de nouveau cet ouvrage, plutôt surprenant à lire qui s’ouvre par une interview de l’auteure qui date de 1991. Le livre qui se déroule dans les années 70 nous parle d’une famille de quatre personnes, un couple et ses deux filles.
L’originalité de l’ouvrage tient dans la manière de l’auteure de nous décrire cette famille comme un objet, celui d’un système patriarcal particulièrement brutal avec un père à la fois absent à certains moments de la vie de ses filles et trop présent à d’autres. On suit, vous l’avez compris par le titre de l’ouvrage, les deux filles, les bambine, de leur plus jeune âge jusqu’à la puberté, période importante chez les jeunes filles.
L’auteure parvient admirablement avec cet ouvrage à porter un regard plutôt désenchanté sur cette famille en maniant avec intelligence l’ironie. Elle nous plonge dans l’intimité d’une famille patriarcale avec toute les aliénations qu’elle possède. Elle nous décrit de façon chirurgicale le quotidien de cette famille, les tensions entre les différents membres et l’évolution au fil du temps.
C’est cruel et tendre à la fois, mais tellement bien écrit que l’on sort de ce livre avec l’envie d’aller lire les autres ouvrages de cette auteure suisse.
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