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Saïd Belktibia  (mai 2024) 

Réalisé par Saïd Belktibia. Comédie. 1 heure et 18 minutes. Sortie le 8 mai 2024. Avec Golfshifteh Farahani, Jérémy Ferrari, Amine Zariouhi, Denis Lavant, Issaka Sawadogo.

On dit souvent que les films qui sortent pendant qu'à lieu le Festival de Cannes seront sacrifiés parce qu'on ne parlera dans le landernau médiatique que des "chefs-d'œuvre" qui auront eu droit au strass et aux paillettes. Alors, on suppose que les sorties des deux semaines sont des "rebuts", des films perdus d'avance qu'on va sortir en catimini en profitant que la lumière surchauffée des projecteurs est sur la Croisette.

Ces a priori sont en général faux et cette année, c'est particulièrement vrai où l'on pourra aller voir des films de genre très pêchus, très imaginatifs  tels La Morsure, film français avec vampires pré-soixante-huitard, When Evil Lurks, film d'horreur dans la pampa argentine malgré son affreux titre anglais, Reines, un thriller marocain plein d'aventurières mal embouchées et Roqya.

On a choisi "Roqya" de Saïd Belktibia parce qu'il émane d'un néo-réalisateur qui ne fait pas du cinéma pour le simple plaisir de montrer qu'il sait filmer. On n'a pas encore vu les "merveilles" cannoises, mais on se dit que "Roqya" aurait pu avoir sa place dans la sélection française, à l'instar, il y a quelques années, de "Titane" de Julia Ducournau. On a l'impression que le rouleau-compresseur conformiste cannois a repris la route et qu'on ne voudrait plus qu'un film dans la mouvance des "Misérables" de Ladj Ly y obtienne une "grosse récompense".

Saïd Belktibia se contentera donc d'avoir donné un de ses meilleurs rôles à Golfshifteh Farahani et d'avoir tourné un film puissant sur la banlieue française sans jamais être passé par les poncifs attendus. Cela vaut toutes les récompenses de la terre.

Nour est une femme qui se débrouille et qui est dans les embrouilles. Pour vivre, cette banlieusarde fait le trafic d'animaux exotiques qu'elle utilise pour fabriquer des poudres de perlimpinpin chargées de guérir des gens qui ignorent ce qu'est une carte vitale.  Chez elle, un écologiste s'évanouirait tant elle empile dans son appartement les spécimen rares qu'elle ramène clandestinement d'Afrique. Dans ce personnage haut en couleur, vivant de la crédulité de ses voisins croyant aux fétiches , aux djinns, aux possédés, Golfshifteh Farahani s'en donne à cœur joie. Elle doit tchatcher pour tout : vendre ses breuvages, pratiquer de la magie très noire comme essayer de récupérer son fils confié à son mari tant elle ne paraît pas digne de confiance. Elle sent le souffre et a du souffle... 

Saïd Belktibia va transformer son cadre de survie en parcours du combattant. Des caves au sommet des tours, le moindre espace de sa cité  sera bientôt pour elle l'occasion d'escalades périlleuses, de cascades improbables qu'elle fera elle-même.

On ne savait pas qu'il y avait du Bébel dans cette Iranienne impertinente qui traverse d'ordinaire le cinéma occidental avec douceur et mélancolie. Ici, après un exorcisme qui tourne mal, une séquence avec un Denis Lavant qui pourrait s'appeler Antonin Artaud ou Lon Chaney, elle devient pour tout le monde, c'est-à-dire toutes les ethnies réunies dans ce grand ensemble, la femme libre à abattre et l'incarnation moderne de la sorcière sans scrupules et sans autres croyances que les espèces sonnantes et trébuchantes. Le mot "Rokya" fait d'ailleurs référence aux pratiques occultes et charlatanesques dont elle a, il faut le reconnaître, abusés...

Bouc-émissaire de toutes les rancœurs et de toutes les peurs, elle n'est pas particulièrement sympathique. Elle le redevient peu à peu, en s'acharnant dans une fuite qui paraît illusoire pour se sauver de l'hystérie générale et pour se rapprocher d' un fils pas très convaincu au départ de ses bonnes intentions...

Saïd Belktibia se réclame de l'influence du cinéma d'action coréen. Du coup, sa banlieue baroque baignant dans un climat fantastique est bien éloignée de celle qu'on dessine habituellement. On y sent de la vie, de la passion, de l'exubérance. On est loin de la description policière d'une cité qui valut une palme d'Or à Jacques Audiard.

On lui saura gré d'avoir mis en avant un personnage féminin aussi fort et contradictoire que celui de Nour et d'avoir donné à Golfshifteh Farahani l'occasion de prouver qu'elle pourrait être l'avenir du cinéma français si celui-ci préfère la voir en sorcière de banlieue plutôt qu'en porte-manteau chic pour tapis rouge.

 

Philippe Person         
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