5 albums en 10 ans. Rythme plus soutenu qu'il n'y parait pour ce groupe faussement décontracté.
One, Two et Three tout d'abord, 3 albums sans véritable titre nés d'un side project de Three mile pilot qui est vite devenu prépondérant.
3 albums qui ont contribué à créer le son singulier et reconnaissable entre tous de The Black Heart Procession.
Et puis vint le temps de Amor del tropico, album sinon concept en tout cas "cinétique" puisque ce disque construit sur une base narrative linéaire fut décliné en film, "The tropics of love", réalisé par le groupe lui-même avec les moyens du bord.
Arrive donc maintenant The Spell, nouvel album au titre énigmatique à multiples lectures et à l'artwork saisissant. Charme ou envoûtement ? Quoi qu'il en soit, la cible qu'est l'auditeur est atteinte, en plein coeur, dès "Tangled" qui introduit l'album. Quelques notes de piano, un violon plaintif et la voix superbe de Pall Jenkins entame une complainte envoûtante (
"Trapped in your web I'll always be / Wrapped around my heart like thorns you sting / Tangled in my heart you will stay.").
Pall Jenkins et Tobias Nathaniel, entourés ici de Jimmy LaValle et Matt Resovich de The Album Leaf, respectivement à la basse et au violon et du batteur Joe Plummer, qui officie également au sein de Modest mouse et The Magic Magicians, concoctent des compositions à la fois sombres et lumineuses, ne cèdant jamais à la facilité même si elles paraissent limpides et élémentaires, parvenant à une harmonie inattendue de styles et une réelle inventivité entre pop et post-rock. Si la musique de The Spell reste relativement contemplative et noire, certains titres sont plus rythmés mais tout aussi tendus à l'image du titre qui donne son nom à l'album "The Spell".
Impossible de résister à la pop noire de "Not just words", au bouleversant "The letter" avec son introduction au violon et piano qui rappelle les Tindersticks, merveilleux d'harmonie entre la voix et les instruments,au lancinant "Return to burn", le langoureux et fantômatique "The Waiter #5", au puissant et hypnotique "The fix" ou à "The replacement" qui fait penser aux anglais de Archive débarrassé des lourdeurs électro.
The spell n'est pas un poison violent mais agit bien comme un charme addictif inexorable
("When I wake the light seeps in/and I know I have no defens /Something took you away / But the night time will bring you back.") pour ceux qui aiment le royaume de la nuit dans lequel survivent les passions ("To bring you back").
Bref, un champ de pépites à en user la platine.
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