Elyas Khan, leader de Nervous Cabaret, est un homme hors du commun dont il émane des ondes empathiques. Celui qui aurait pu mal tourner est devenu un homme charismatique totalement ouvert au monde. Look customisé de pirate, démarche animale - il fut danseur et chorégraphe - regard profond à vous changer en statue de sel, il a une voix brute de décoffrage dont il joue comme d'un instrument.
Après des prestations live mémorables en 2006 qui accompagnaient la sortie de son premier album éponyme, Nervous Cabaret revient juste un an après avec une nouvelle galette, Drop, drop, qui confirme le syncrétisme musical qui donne sa couleur musicale totalement atypique, et inclassable, au groupe et l'écriture inspirée de son leader.
Depuis, la line up du groupe s'est quelque peu modiifée. En effet, le duo percussif a disparu au profit d'une section cuivres renforcée, section qui fait une entrée presque solennelle par la salle.
Elyas Khan se montre extrêmement concentré. En effet, la set list est composée de la quasi totalité des morceaux de Drop, drop qui sous tendent la tournée 2007 et n’ont pas encore été complètement burinés en live.
Dès les premières mesures de "Gravity" qui ouvre le set, toute l’énergie féroce révélée par le premier album est présent au rendez vous avec des morceaux comme "Tryptych", "Passion Plumbers", "Instant Lady" et les incontournables "Mel Gibson" et "Ratata heart" qui clôtureront le concert avant le rappel.
Et les nouveaux morceaux creusent le sillon de cette déferlante sonique scandée par le fidèle Brian Geltner qui assure la rythmique avec brio tout en restant très attentif aux indications presque subliminales d’Elyas Khan.
Le groupe balaie tout sur son passage avec son rock viscréal, presque tribal, qui ne connait pas de tabou et dévaste tout sur son passage sans criante de se colleter aux limite des dissonances voire aux discordances.
L'excellent trompettiste Fred Wright, dont Elyas Khan reconnait la participation éclairée indispensable dans la composition des morceaux, mène la section cuivres composées de fous furieux, dont lui-même, complètement allumés comme au trombone Sam Kulik.
Dès les premières mesures, ils partent en vrille et ce sans faillir touit au long du concert.
Ils dansent, assurent les choeurs, crient et prennent un plaisir manifeste à transcender leur partition sans craindre les ruptures rythmiques.
"Sleepwalkers" et "Pere Lachaise", placés en début de concert, marquent le début d'une montée paroxystique qui ne connaîtra aucun répît même avec le "Break in violence" mid tempo sur l'album ou "Les enfants du papillon" qui prennent ici toute leur amplitude.
Des musiciens à la forte personnalité donc mais sur lesquels l'ascendance d'Elyas Khan reste prégnante comme sa voix, torride et chamanique, qui domine par sa simple force assurée .
De la cacophonie organique ("No politic no sex") à bruitisme maîtrisé ("Dead naked"), Nervous Cabaret donne un concert étourdissant.
Celui, qui a pris comme emblème le gorille éructuant, qui s'est d'ailleurs dupliqué en une année, a réussi ce soir son pari affiché d'une "music for ecstatic soul". Ene pas rater, comme on dit, s'il passe près de chez vous. A bon entendeur salut ! |