Le Musée National de la Renaissance propose avec l'exposition "Ars Medicina - Médecine et savoir au XVIème siècle" une exposition qui réussit à résoudre la quadrature du cercle de toute exposition qui tient à intéresser autant les spécialistes que les néophytes.
En effet, en résonance avec sa vocation qui est centrée sur la période de la Renaissance, la thématique de "Ars Medicina" s'avère particulièrement pointue ce qui ravira le spécialiste par la présentation de pièces rares, tel avec l'unique exemplaire d'uroscope, que les néophytes grâce à son didactisme.
La commissaire de l'exposition, Sophie Daynes-Diallo, chargée d’études documentaires audit musée, a conçu une présentation sur trois niveaux qui n'est pas dicté que par le fait que le musée ne dispose pas de salle d'exposition temporaire impliquant l'insertion de cette dernière au sein des collections permanentes.
Exploitant l'architecture intérieure du château, elle a structuré un judicieux parcours analytique, essentiellement didactique, dans lequel priment la clarté et la logique de l'enchaînement des faits et de l'Histoire. réalisée en collaboration avec la graphiste Sandrine Bouet.
L'exposition commence dans la salle des Gardes, rappelant le caractère guerrier du 16ème siècle et le rôle novateur de la médecine militaire dont une des grandes figures est Ambroise Paré.
Elle se poursuit dans les appartements, avec l'humanisme médical et la personne du médecin pour s'achever à l'étage supérieur, celui de la bibliothèque du Connétable de Montmorency, lieu de conservation du savoir.
Le livre en constitue le fil rouge dès lors que l'invention de l'imprimerie permet de retracer les évolutions intervenues dans la science médicale à cette époque et contribue à la diffusion du savoir.
L'art de la médecine
Le 15ème siècle est un siècle de guerres chroniques et d'épidémies.
Il connaît par ailleurs la révolution copernicienne et l'impacte de la Réforme, constitue une période charnière entre la médecine limbique du moyen age et la révolution de la science médicale qui interviendra un siècle plus tard.
Le médecin, au sens générique du terme, est un savant et un humaniste qui se confronte au pragmatisme du savoir et à l'expérimentation.
Sous les portraits de figures passées à la postérité, telles Rabelais et l'apothicaire Pierre Quthe peint par François Clouet, les instruments médicaux et publications permettent de cerner l'état de la pratique médicale à cette époque.
L'art et la médecine
Au-delà de leur intérêt historique, les pièces présentées témoignent d’une indéniable qualité artistique.
Art avec le savoir faire des ferronniers qui élaborent les instruments en métal orné et des céramistes qui créent les vases à pharmacie avec un réel souci esthétique même s'ils étaient produits en série tels les albarelles avec des grotesques sur fond blanc.
Art encore avec l'intervention des illustrateurs, dessinateurs et peintres pour illustrer les ouvrages savants comme les saisissantes gravures du traité d’anatomie d’André Vésale par un éléève du Titien, ou les superbes dessins du peintre Francesco Salviati illustrant le manuscrit grec du recueil de chirurgie de Vidius offert en 1542 à François Ier pour sa bibliothèque royale, le "Nicetas", pièce maîtresse de l'exposition.
Alors n'hésitez pas à aller à Ecouen. Le musée est installé dans le magnifique château du Connetable de Montmorency qui, dominant toute la plaine de France, jouit d'une vue exceptionnelle et vous pourrez prolonger votre visite par une promenade dans son immense parc. |