Comédie
de Tom Stoppard, mise en scène de Jean-Luc Revol, avec
Anne Bouvier, Pierre Deladonchamps, Jacques Fontanel, Viviane
Marcenaro, Valérie Moureaux, Jean-Luc Revol, Eric Théobald
et Elrik Thomas.
Jean-Luc Revol ne s'est manifestement
pas ennuyé lors de l'adaptation de "L'inspecteur
Whaff", comédie policière loufoque
de l'auteur britannique Tom Stoppard,
et s'est laissé carte blanche pour élaborer une
mise en scène jubilatoire et inspirée qui tient
les promesses de l 'entreprise : propulser "Agatha Christie
chez les Monthy Python".
Ce qui annonce également la couleur, à savoir,
une intrigue passée à la moulinette du non-sens
et de la parodie au cours de laquelle tout peut arriver, et
notamment l'interpénétration du théâtre
de de la réalité (c'est un indice), des personnages
archétypaux du genre mais sous influence de l'irrationnel
et de la démesure, une interprétation débridée
qui emprunte à tous les registres, du comique burlesque
aux poncifs des séries télévisées
cultes.
A l"instar de deux vrais faux critiques de second ordre
installés dans une baignoire en coin de scène,
le spectateur est entraîné dans un manoir anglais
tout droit sorti des Hauts de Hurlevent, perdu au milieu des
landes et de la brume, dont la quiétude est troublée
par une battue organisée pour retrouver un aliéné
en cavale.
Une pétulante châtelaine veuve et son invitée,
une jeune femme branchée sur du triphasé, toutes
deux séduites par un bel inconnu, son beau-frère,
un vieux major impotent et concupiscent, et une bonne hallucinée
constituent les protagonistes d'une aventure complètement
folle dont le point d'orgue est la découverte d'un cadavre.
Heureusement le célèbre inspecteur Whaff veille
au grain avec autant de flair que l'inspecteur Gadget.
Jean-Luc Revol a réuni une distribution de choc avec
des comédiens aguerris qui savent s'affranchir de tout
carcan théatro-doctrinal pour s'engouffrer dans des délires
hilarants, ce qui n'est cependant pas synonyme de grand foutoir
potache. Car ici tout est soigneusement agencé et quasi
millimétré.
Jacques Fontanel et Eric
Théobald campent à la perfection, avec
un sérieux imparable et d'autant plus drôle, des
"journalistes culturels et plus spécifiquement attachés
au théâtre" plus vrais que nature dont les
préoccupations personnelles, respectivement professionnelle,
devenir le critique en titre, et libidineuse, consommer les
jolies comédiennes, priment sur leurs considérations
sur l'art qui sont au demeurant confondantes et fort justement
épinglées.
Sur la scène du crime, Pierre Deladonchamps,
en séducteur de service, et Valérie
Moureaux, suffocante bonne en état permanent de
stupeur, vibrionnent autour d'un trio de choc composé
de Viviane Marcenaro, pétulante
en lady évaporée, Anne Bouvier,
époustouflante, et inattendue, en avatar hybride de James
Bond et Emma Peel branchée sur du triphasé, et
Elrik Thomas, à l'abattage
comique incontestable.
Et l'inspecteur Whaff ? On peut faire confiance à Jean-Luc
Revol, qui porte bien l'uniforme de bobbys, pour donner
au fin limier la sagacité qui lui convient. |