A l'occasion du printemps de Bourges, nous avons rencontré Midlake pour un court tête à tête avant leur concert à l'auditorium.
Cela fait maintenant douze ans que le groupe Midlake existe. Qu’avez-vous appris durant toutes ces années ?
Je ne peux pas vraiment dire... En fait, cela représente presque toute ma vie et tout ce que je suis. J’ai tout essayé, j’avais 22 ans à l’époque et maintenant j’en ai 34. Oui on a vraiment tout vécu, c’est un peu comme une famille, c’est une grande histoire avec les gars. Parfois, on s’est vraiment fâché, cela a été très dur par moment. Mais là, on est vraiment au meilleur et les choses vont de mieux en mieux.
Quelles sont les influences du groupe ?
Chaque album est différent. Je me suis mis à écouter du rock et de la pop vraiment tard. Dans la première partie de ma vie, de 10 ans jusqu’au moment où j’ai rejoint Midlake, je n’écoutais que du jazz : John Coltrane, Charlie Parker, ce genre de trucs. Je n’écoutais pas Black Sabbath ou Led Zeppelin ; je ne connaissais même pas les Beatles, ni Neil Young ou Joni Mitchell, aucune de ces personnes, jusqu’à mes vingt ans. Et pourtant, c’était vraiment de la bonne musique.
Puis je me suis mis à écouter Radiohead, Björk, The Flaming Lips, Grandaddy qui ont beaucoup influencé notre musique. Et si chaque album est différent, c’est que j’apprends à intégrer ce processus en écrivant de la musique. J’aime vraiment faire partie du groupe mais c’est vrai que je viens d’un univers jazz et cela m’a pris du temps d’écouter tout ce que j’avais besoin d’écouter. Maintenant je pense que je m’en sors assez bien.
Quand on évoque vos albums, le mot "nostalgie" revient souvent. Qu’en pensez-vous ?
Cela me va… J’aime le côté mélancolique, la musique triste, j’adore ce genre de choses. Je pense que c’est toujours présent quand j’écris et cela a tendance à sortir comme ça, c’est tout. Je ne peux pas faire autrement. Les gens disaient déjà cela du premier album et donc oui, je pense que c’est naturel : je ne fais rien pour essayer que ça soit comme ça, ça vient comme ça.
Quel a été l’accueil de ce nouvel album ?
Il y a plus de gens qui viennent nous voir en France et en Angleterre. Quand on joue à New-York ou à Los Angeles par exemple, on n’a pas beaucoup de public. Il y a toujours quelques centaines de personnes, mais avoir des milliers de gens, non ça n’arrive pas. Je ne sais pas pourquoi mais on est beaucoup plus apprécié par ici.
Est-ce que cet accueil réservé n’est dû qu’à ce nouvel album ?
Non non, c’était déjà comme ça avant ; on est beaucoup plus aimé ici qu’aux Etats-Unis.
Et vous avez des dates prévues en France ?
Oui, on va jouer encore un peu en France, puis on reviendra ensuite, peut-être encore quelques festivals. Mais bon je ne me rappelle jamais des dates…
Est-ce que c’est différent pour vous de jouer au sein d’un festival ? Et devant un public assis ?
Les festivals…à moins d’être Radiohead ou Björk ou un gros groupe, tout le monde ne te connait pas. Il y aura probablement une grosse partie du public qui n’a jamais entendu parler de Midlake, même s’il y a toujours un petit groupe qui nous connait. Tu essaies de prouver quelques chose et je déteste ce sentiment. Je n’aime pas trop, je préfère faire des petits concerts plutôt que des festivals car les gens sont là pour toi et c’est cool. Les festivals, c’est sympa aussi même s’il est vrai que nous ne sommes pas très actifs sur scène, on n’est pas un groupe qui fait danser les gens…
Mais vous savez, ce soir, beaucoup de gens viennent vous voir, vous !
C'est cool, c'est super parce qu'en plus, on joue dans un espace fermé, pas dehors…
Alors ça vous va de jouer devant un public assis ?
Parfois, cela peut me sembler bizarre quand les gens sont assis mais bon je pense que ça va aller. En fait, notre musique peut très bien s’écouter assis ou allongé… Je n’ai aucune légitimité à dire aux gens : "allez, tout le monde debout !", ce qu’on ferait si on était un groupe qui fait danser, mais on n’est pas comme ça, et ça me va. Si j’étais dans le public, j’aurais aussi envie d’être assis.
Comment travaillez-vous ensemble, dans le groupe ?
Auparavant, j’avais l’habitude d’écrire les chansons tout seul. J’aimais juste être tout seul à la maison et écrire. Alors j’écrivais quelque chose, parfois je l’enregistrais avec une bande derrière et j’amenais ça aux garçons. C’est comme ça que cela fonctionnait jusqu’à maintenant. Puis je demandais s’ils avaient des trucs à ajouter ou à changer. On n’a pas vraiment écrit ensemble mais tout ce qui est guitare sur cet album (je suis vraiment nul à la guitare et les gars se débrouillent plutôt pas mal) est fait par les autres qui sont venus avec. C’est la manière dont je travaille mais je pense que pour le prochain album, j’aimerais faire les choses plus collectivement, j’espère qu’on va pouvoir changer.
Et justement, le prochain album, à quoi va-t-il ressembler : différent, toujours ?
Tu sais, moi je veux juste continuer à faire de la musique, des albums, il n’y a rien dont j’ai plus envie. J’écoute toujours le même genre de choses, mais je suis sûr que le prochain album sera différent. Ce n’est pas que j’aime forcément que chaque album ait un style différent, mais j’aime le son de Midlake comme il est. Je craque pour des musiques différentes, et cela change la nôtre. En fait, c’est un peu naturel. Je ne veux pas nécessairement changer mais c’est toujours le cas. Je trouve de nouveaux styles, je pense à des chansons quand j’écris et c’est toujours un peu différent, je ne sais pas trop pourquoi… |