Depuis que j'écris pour les grenouilles, j'essaie de m'enlever les doigts des oreilles chaque semaine pour aller écouter des disques dont j'ignore tout, d'artistes dont j'ignore tout. C'est pour ça que j'ai écouté Saturdays with no memory, le disque de Bajram Bili.
Bajram est pour moi, avant tout, le génial auteur de Universal War 1 (et 2 maintenant). Rien à voir avec la musique, mais tout avec la technologie et le talent. Car c'est bien de ça qu'il s'agit ici. Et un talent déjà reconnu par beaucoup, même si je ne le sais pas encore au moment où j'appuie sur le bouton...
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Les arpégiateurs sont lâchés, les boucles tournent, on plonge. On va geeker sur des machines en y connectant des neurones performants dans une sorte de symbiose homme-machine que même Larry Page n'oserait pas envisager. Très peu de samples, surtout des synthétiseurs dont les couleurs créent des ambiances magnifiques. Ici, rien n'est figé. Tout ce que vous entendez est amené à évoluer d'une façon inattendue, à vous emporter de droite à gauche, à vous faire bouger contre votre gré et, pour peu que le kick s'en mêle, vous risquez bien de banger la head.
Adrien Gachet, puisque c'est son nom, n'utilise pas ses machines comme des outils, mais plutôt comme des compagnons vivants. On sent qu'à tout moment, il sait jouer de leurs caprices, leur insuffler une phrase pour voir comment elles vont l'interpréter, puis réagir du bout des doigts, tourner délicatement quelques boutons pour reprendre la main sans jamais chercher à emprisonner le son. C'est un véritable ballet.
[] Stop
Un sentiment de liberté domine cet album. Liberté dans le travail de composition, dans le jeu entre l'homme et ses machines et, bien sûr, dans l'univers qui en résulte. Bajram Bili signe un superbe album dont on sent bien qu'il n'est pas une fin en soit, juste l'instantané d'expérimentations qu'il n'aura de cesse de poursuivre. Et je serai à l'écoute.
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