Descendre les escaliers du Silencio, cette boîte de Pandore mystérieuse qui s’ouvre à vous pour aller à la découverte de nouveaux, sons, de nouvelles images, de nouvelles sensations, de nouvelles personnes, est toujours une aventure excitante et pleine de surprises.
C’est à ce saut dans l’inconnu que je me suis livré, le mercredi 1er juillet, pour découvrir Aymé, jeune groupe francilien à l’occasion de la sortie du single "More" et d’une de leurs premières prestations scéniques après être passés par la Flèche d’or quelques jours plus tôt.
Pour découvrir un groupe que l’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam, deux solutions, se raccrocher à des références faciles, on est dans le registre de l’analyse, ou se laisser aller au ressenti pur et dur et ouvrir ses yeux et ses oreilles. Pour les yeux, rien à attendre de particulier, pas de recherche formelle, look "étudiant", pas de postures calculées. On mettra ça sur le dos de la jeunesse ou plutôt du naturel, ce qui, au final, n’est pas un obstacle bien au contraire, il s’agit de musique quand même.
Pour les oreilles, c’est tout autre. On est tout de suite saisi par la voix haut perchée du chanteur qui n’est pas sans rappeler celle du groupe New-yorkais Clap your hands say Yeah. Une voix jamais loin de la limite et du déraillement mais qui toutefois dégage une profonde maîtrise du chant. Pour l’anecdote, chaque morceau est précédé d’un petit cri étrange, presque primal… Pour la musique et les arrangements, beaucoup de richesse, de prise de risques dans de multiples directions de la pop à la world music sans que jamais on ne puisse dire à quel style ou catégorie musicale ils s’y réfèrent. C’est ce qui est plaisant avec Aymé, c’est à la fois assez évident et très insaisissable, très construit, très géométrique mais aussi ça vous échappe, primitif et sophistiqué, réel et poétique, dispersé et harmonieux.
Ce que propose Aymé est très original et très inédit par rapport à ce qu’offre la scène française qui oscille souvent entre chanson française, électro ou imitation laborieuse de la pop anglaise. Ce flou artistique, ce kaléidoscope musical, ce labyrinthe en connexion avec ce lieu "lynchien" est une invitation très communicatrice à la musique. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé, Aymé a le don de vous transformer de l’état de spectateur à celui de danseur et d’auditeur. C’est une musique au final très sensorielle qui vous transporte. Quarante minutes d’un set impeccable. On a hâte d’en écouter plus à l’occasion d’un futur album déjà enregistré.
Aymé, on devrait vite en entendre parler. Mais chut… "Silencio" !
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