"Okay
les gars j’arrive. Cela fait bien plaisir de vous revoir.
Oui. Comme d’habitude. Bon, faut s’y mettre, il est
grand temps. Vous savez que vous êtes un peu de la famille.
Enfin, je veux dire, tout ça, c’est familier, plaisant.
J’m’y sens bien, quoi. C’est chez moi. Sans blaguer."
Qu’est ce qui fait avancer Kurt Wagner
? Comment son inspiration ne se tarit-elle pas ? Comment est-il
devenu aussi bon musicien et arrangeur ?
Encore mieux : en un double album, Lambchop
parvient à balayer presque entièrement le spectre
de l’Alt country contemporaine et y apposer son sceau.
“Now, you come on ?”
D’abord du soyeux et du doux avec les cordes de "Sunrise",
"Low ambition" et "There
is still time" sur lesquels vient se poser le timbre
rauque de Wagner. Puis de l’électrique et de la saturation
sous contrôle avec "Nothing adventurous
please" où Wagner joue au Lou
Reed et se prend pour un éléphant dans un magasin
de porcelaine, la musique, le son, portant la voix.
Un peu de nostalgie ensuite, avec "The
problem" qui nous amène dans les champs de blés,
les rockys "Shang a dang dang"
ou "Jan 24". Oui j’oubliais.
Ces gens sont de Nashville, Tennessee.
Ce premier CD est d’une qualité dans la variété
époustouflante et se termine sur la pointe des pieds. Une
courte éclipse, dans la sérénité.
“Haw ! Come on !”
De façon assez bizarre, le deuxième CD est organisé
de façon assez similaire. En plus orchestré et arrangé
("Four pounds in two days in two days",
"Steve McQueen"). Pendant
que nous sommes confortablement allongé sur un tapis de velours,
Wagner nous chatouille gentiment les tympans. On envisage bien de
siroter cette vodka, là, qui nous tend les bras mais décidément
c’est trop loin.
Las, il faut quand même bouger, se lever, mais attention,
pas trop brusquement. Calmement avec "The
long official" et la suite.
Les violons font feu de tout leur bois. La voix est à la
limite de l’extinction. Distante ou en retrait.L’esprit
rejoint les limbes, accompagné de ces sons ouatés
et réconfortants ("Each time I
bring it up it seems to bring you down", "I
haven’t heard a word I’ve said").
Finalement non, je ne viens pas.
Lambchop s’évade de la linéarité qui
caractérisait ses compositions, surtout sur Is
a woman. Le son prend du relief. Gagne en volume. Et en même
temps part dans un tas de directions. Et ils ne se perdent jamais.
Suivent-ils l’étoile du Sud ?
Avec ce processus, les compositions de Lambchop prennent de l’air.
Et remplissent nos poumons.
Fantastique et fameux.
Que dire de plus ?
Avec Aw Cmon - No You Cmon !, Lambchop
place la barre haut, très haut dans le genre. Et cela alors
que l’année vient juste de commencer… Les Tindersticks
and co. n’ont plus qu’à remonter leurs manches.
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