Texte de Marguerite Duras, mise en scène de Muriel Mayette-Holtz, avec Alexandre Pavloff et Suliane Brahim.

Œuvre de survie - Marguerite Duras se mourait alors, juste avant le triomphe de "L’Amant" - ce monologue à deux parcourt les champs du désir et de l’infini.

Une femme s’installe dans une chambre. Elle défait ses vêtements, joue avec un séchoir à cheveux. Puis se couche. Veille et attend. Entre un homme, qui lui parle. Dort-elle. Ecoute-t-elle son cri d’amour et de solitude ?

Ode à l’altérité, au besoin de l’homme pour faire exister la femme, et de la femme pour distraire l’homme de son obsession de la mort et de ses calculs pour ne pas vivre, "La Maladie de la mort" est une pièce singulière, solitaire, d’abîme, cruellement humaine, d’abysse et de silence, qui dérange et dénoue. La mise en scène de Muriel Mayette-Holtz est sobre et intérieure.

Encore une fois, la vidéo, hélas, et une musique lancinante, abiment les mots et détournent l’attention. Le péril d’un documentaire durasien, avec les sempiternelles images des Roches noires et de la plage de Trouville, est toutefois évité, par la présence forte de Suliana Brahim, femme muette et envoutante, et par le jeu glacé et déchirant d’Alexandre Pavloff.

On ressort bouleversé de cette heure d’invocation désespérée. Duras ne se démode pas encore. Les braises de son œuvre brulent toujours et la douleur de son chant ne faiblit pas.