Conte moderne conçu et mis en scène par Eléna Doratiotto et Benoît Piret, avec Salim Djaferi, Eléna Doratiotto, Gaëtan Lejeune, Benoît Piret, Jules Puibaraud et Anne-Sophie Sterck.
Conçue par les comédiens Eléna Doratiotto et Benoît Piret, initiateurs du projet, et résultant d'une collaboration textuelle collective avec leurs homologues de jeu, Salim Djaferi, Gaëtan Lejeune, Anne-Sophie Sterck et Jules Puibaraud, la partition "Des caravelles et des batailles" se déploie en un texte à l'écriture lacunaire dont le seul élément tangible consiste en la narration détaillée et récurrente d'un épisode de la conquête du Pérou par les Espagnols au 16ème siècle scellant la fin de l'Empire inca.
Ce qui explique - sans doute - l'intitulé .de cet opus qualifié de "conte réaliste" et visant selon sa note d'intention, à "trouver un rapport à l’imaginaire qui permette de décaler le point de vue sur le réel", dans lequel le lieu, la situation, la(es) thématique(s) et les personnages relèvent de la supputation et ressortent à la capacité spéculative du spectateur à partir d'un canevas qui évoque tant le ludique dessin à points à relier que la route salvatrice tracée de cailloux blancs du Petit Poucet.
Parmi ces indices, un arbre beckettien, avec la structure composée d'un épi de planches de bois faisant office de totem primitif vermoulu et de pilier de soutènement, seul élément de la scénographie élaborée par Valentin Périlleux pour matérialiser une polysémique résidence, phalanstère sectaire, centre de retraite spirituelle ou asile d'aliénés.
S'y croisent en scènes brèves et échanges abscons, la gestionnaire (Anne-Sophie Sterck), un décolonialiste (Benoît Piret), une pseudo-sportive (Eléna Doratiotto), un candide voltairien (Jules Puibaraud) en quête de quelque chose de non précisé qui confie à un ami ses impressions par voie épistolaire tels les protagonistes des "Lettres persanes" de Montesquieu, un écrivain (Gaëtan Lejeune) rédigeant son message au monde comme le vieux ionescien dans "Les Chaises" et un résident-revenant (Salim Djaferi).
Pour la mise en scène, Eléna Doratiotto et Benoît Piret ont opté pour un rythme lent pour une déambulation décontractée et déconnectée des personnages dans la vacuité d'un hors du monde.
Donc à chacun de s'approprier les vides et de leur trouver sinon une signification du moins une résonance. |