Réalisé par Hugo Thomas. France. Comédie. 1h37 (Sortie 26 juillet 2023). Avec Vanessa Paradis, Ewan Bourdelles, Noah Zandouche, Alaïs Bertrand, Clara Machado et Aurélien Moulin.
Pour faire un bon film pour ados, il ne faut pas forcément un sujet compliqué, "Juniors" de Hugo Thomas le prouve brillamment.
A la suite d'un concours de circonstances bien désagréables, Jordan, 14 ans, a dû se raser complètement les cheveux et sa console ayant rendu l'âme, trouver un subterfuge pour pouvoir la remplacer sans que cela grève son argent de poche : il va lancer une cagnotte sur internet et sous-entendre qu'il est en rémission d'un cancer et
Evidemment, on connaît l'effet multiplicateur des réseaux sociaux. Jordan va devenir en quelques jours le héros de son collège... Comment, dès lors, sortir d'un mensonge qui prend des proportions gigantesques ? Comment dire à tous ceux qui ont soudain de la compassion pour vous que votre longue et cruelle maladie est un gros pipo ?
Depuis "Les Beaux Gosses", le premier film de Riad Satttouf, on n'avait pas vu un film français, apparemment destiné à un jeune public, capable de tenir son sujet pendant toute sa durée et cela sans forcément se couper des stéréotypes attendus, tout au moins en faisant appel aux personnages attendus, à commencer par la mère dépassée parfaitement incarnée par Vanessa Paradis, enfin utilisée intelligemment à contre-emploi.
Comme dans les "Beaux Gosses", Jordan est affublé d'un comparse, Patrick, qui compte beaucoup pour qu'il résolve chaque problème en le remplaçant par un problème encore plus compliqué.
Si l'on s'intéresse au réalisateur de "Juniors", on va aussi découvrir qu'il n'est pas un total inconnu puisqu'il avait co-co-coréalisé, avec Ludovic et Zoran Boukherma et Marielle Gautier, un OVNI cinématographique qu'on n'a pas pu oublié si on l'a vu : "Willy Ier"
On n'est pas si loin de l'univers de Willy dans cette petite ville qui pourrait elle aussi être picardo-hautdefrancienne et qui s'appelle Mornas.
Tout ce qui déroule provient du même univers triste, qui finit par dégénérer dans un fantastique pitoyable : ici, tous les collégiens, par solidarité avec Jordan, décident de se raser la tête et va en découler une conséquence lamentable... les transformer en crétins fascisants.
Comment les deux énergumènes se tireront-ils de ce mauvais pas et qui se transforme peu à peu en un cauchemar sans issues ?
Hugo Thomas sait que les cheveux de Jordan vont finir par repousser et qu'il est un petit garçon au destin aussi mal parti que celui de ses camarades... A moins que son idée catastrophique ne soit pas si catastrophique que ça, qu'elle soit celle qui va l'aider, voire l'obliger, à devenir un nouveau "transfuge de classe". Quitter Mornas, son ennui et ses électeurs fachoïdes, c'est se donner les moyens d'avoir un autre avenir, comme celui qui a transformé Eddy Bellegueule en Edouard Louis.
Qu'on veuille y voir ou pas un film finalement ambitieux, "Juniors" d'Hugo Thomas est un film distrayant et le jeune Ewan Bourdelles une révélation, peut-être de la dimension de Vincent Lacoste dans "Les Beaux Gosses". |