One woman show écrit et interprété par Océanerosemarie dans une mise en scène de Murielle Magellan.
Océane Rose Marie, un prénom "compte triple", résonne comme celui d'une pensionnaire du couvent des oiseaux et, sur le visuel du spectacle, son corps est sagement "gommé" puisqu'elle est aux yeux des autres, en ce qui concerne sa sexualité, invisible.
Mais sur scène, "La lesbienne invisible", qui raconte par le menu son parcours de combattante tribade, n'a ni la langue, ni l'annulaire ("je vous laisse réfléchir là-dessus" comme dirait Gustave Parking) dans sa poche. Car même en réitérant son coming out, personne ne veut croire que jeune, jolie et féminine, elle soit une inconditionnelle de l'amour saphique.
Peut-être parce qu'elle n'a pas le total look de l'emploi, genre armoire à glace pseudo-mec tatoué carburant au picon-bière, tel qu'il est véhiculé dans l'inconscient collectif . Alors l'habit ne ferait pas le moine ? Oui et non car il est contredit par un autre dicton qui tient à ce que les apparences sont trompeuses.
En tout état de cause, Océanerosemarie, qui a le sens de la scène et une bien belle voix, car, plus connue sous le nom d'un de ses autres avatars, Oshen, avec déjà deux albums plutôt bien réussis à son palmarès, elle chante aussi, délivre une fresque hilarante et édifiante de la gente féminine toutes pratiques amoureuses confondues avec un solide et frais sens de l'humour et de l'autodérision.
De plus l'intelligence novatrice de son one woman show, outre de sévir dans un créneau identitaire encore peu défriché, réside dans le parti pris de dépeindre le genre lesbien, même si, par exemple, le portrait de "la gouine branchée" est particulièrement savoureux, quasiment en creux à partir de la caricature de femmes hétérosexuelles : l'étudiante de la Sorbonne, l'hétéro allumeuse, la lesbienne refoulée, l'hétéro méchante...
C'est drôle, jamais trivial même si parfois grivois, et rondement menée par une fille au tempérament explosif qui s'avère aussi une belle comédienne. |