Le minimalisme est la spécialité reconnue de Mathieu Boogaerts − concept qu’il use avec talent et sobriété. Simplement accompagné d’une basse, le chanteur français a présenté un vaste répertoire de ses derniers albums, dans une salle des fêtes à Templemars (autant dire : au bout du monde).
L’après-midi, il avait joué pour des enfants (démarche artistique réjouissante, et assurément politique).
Cette annonce, faite au milieu du concert, m’a fait reconnaître le caractère enfantin de ces chansons légères, ludiques, où le jeu des sonorités sur les mots prend une large importance. La part d’humour complétait parfaitement ce minimalisme, comme un mouvement nécessaire pour faire exister celui-ci.
Certains refrains nous ont obsédés à la sortie de la salle : il était difficile de ne pas se les passer en boucle, mentalement : "Dominique, tu sais la vie ici sans toi, c’est plus vraiment comique / La musique, elle tourne plus vraiment pareil, tout sonne un peu tragique / T’as du talent Dom". Triste comme du Mano Solo, sauf que la tristesse chez Boogaerts ne dure pas.
Sa désinvolture donne de la souplesse à des chansons pourtant très semblables (même rythmique, mêmes structures, même cadence). Il sait rire de lui-même, et partager ce rire avec le public. Il montre aussi ses limites, les acceptant très bien, ce qui ne l’empêche pas de jouer le plus librement possible (funk, reggae, afro-beat).
Mais quel que soit le style de musique, celle-ci reste unique. On peut dire que Boogaerts a inventé un genre musical, qu’il s’y est attaché depuis presque vingt ans, et que ce style est resté inimitable.Et il faut un véritable talent pour faire des chansons avec trois fois rien, quelques accords, des sonorités, de grandes intentions.
Après tout, seul avec sa guitare, il pourrait encore très bien s’en sortir, parce qu’il se présente toujours au public tel qu’il est : entier, généreux, sans complaisance. En écrivant ces lignes, un autre nom me vient à l’esprit, un autre chanteur minimaliste méconnu, pourtant considérablement important pour les passionnés de la langue française : Jean Bart (non, non, pas Dominique A, j’ai bien dit Jean Bart). Connaissez-vous Jean Bart ? |