Rue Myrrha, rue Léon et rue des Poissonniers délimitent
le triangle des Bermudes des exilés sans lendemain dans lequel
Bouba, le jeune étudiant sénégalais, se retrouve
après les revers de fortune de son père.
Transformé en fauve, il tourne en rond, s’enfonçant
chaque jour davantage dans la misère dans toutes ses déclinaisons
: professionnelle, sociale, mentale, sexuelle.
Marc Trillard nous emmène dans un petit enfer à
quelques pas de la Goutte d’Or en voie de boboïsation,
"un endroit qui n’a pas de nom car
pour le nommer il faudrait que l’on sache , que l’on
puisse expliquer sa raison d’être, dire l’utilité
de son écartement désolé."pour
une plongée dans les bas fonds urbains.
La rue est jonchée et comme imprégnée de malpropretés
et on est loin du quartier populaire, métissé, coloré
des afficionados de la world et de l’ethnik de bazar et de
préférence de bazar toc, chic et cher. Tout colle,
tout poisse, tout entraîne vers l'abime. Combien y vivent,
si tant est que ce mot ait un sens ici, et y meurent à côté
de nous... terrible constat sur la nature humaine.
Et pourtant, même en enfer il y a un reste d'humanité
parce que l'homme est à la fois pitoyable et admirable. Marc
Trillard sait le débusquer d'une plume forte et sans concession.
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