C’est donc avec une recette déjà éprouvée que le collectif iamamiwhoami signe son retour avec l’opus intitulé BLUE. Comme ses deux prédécesseurs, Bounty et Kin, le nouvel album se veut être une expérience sonique tout autant que visuelle.
Et après les dimensions écologiques de Bounty et la solitude de Kin, BLUE s’attaque à la porosité entre le monde réel et celui digital. Comprendre que l’eau, qui est l’élément central de l’album, joue le rôle d’un condensateur. Un passage mal défini et s'articulant autour des symboliques de l'amour, la perte et l'imagination.
Si le concept semble difficile d’accès, le collectif réussit une nouvelle fois à retranscrire avec poésie un univers complet. Surligné par les vidéos dirigées par WAVE, BLUE atteint grâce à sa narration par image, un niveau de beauté proprement impressionnant.
Musicalement, l’album réemploie l’électro-pop familière au collectif et s’augmente au passage d’un paysage électro-symphonique au moins aussi épique que leurs vidéos. Jona Lee, de son côté, appuie son chant avec plus de style et d’émotions. Une modification sensible, mais judicieuse. Si BLUE ne réinvente aucunement l'identité d'iamamiwhoami, elle s’augmente d'un fil narratif plus facile à saisir que dans les opus précédents. Qu'elle s'imagine reine de son morceau de banquise ou poétesse recluse, l'artiste livre sans détour les clefs de son univers. Entre divagations et réalité, balade éthérée et morceau rythmé, iamamiwhoami pérennise son système de fonctionnement artistique.
Classieux et affecté, BLUE entérine les créations d'un collectif à mi-chemin entre le feuilleton sonique et la fiction visuelle. Si le clip a depuis longtemps dépassé son seul statut d’outil promotionnel, le collectif surpasse les limites jadis imposées par les formats visuels et audio.
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