"Armé de son carnet et de sa plume, le voyageur au dessous d’une mer de nuages a tué la poésie pour inventer la météorologie"

C’est assez simple. A l’heure où l’on nous assomme de pop au kilomètre il existe encore des musiciens résistants avec une vraie vision esthétique et musicale, antidote à la médiocrité. Quatre ans après un excellent album solo (Cerf Biche et Faon) et quelques collaborations (Chassol, Forever Pavot…) Julien Gasc a pris le ferry-boat, est parti enregistrer en Angleterre avant de laisser derrière lui la Tamise, Chelsea et Primrose Hill et est revenu avec ce Kiss me, You Fool !

Comme avec son groupe Aquaserge mais en collaboration avec Laetitia Sadier, Cathy Lucas, John Linger ou Joe Watson on retrouve dans ce disque une certaine liberté, une véritable ambition dans l’écriture (mélodique, harmoniques, rythmique, dans les textes également). Le résultat est une pop sophistiquée, lunaire, onirique, savante, exigeante et lettrée, qui surtout oublie de prendre l’auditeur pour un idiot.

Avec force élégance, avec un sens de la poésie et le gout pour les bons mots le Tarnais raconte des histoires (qui peuvent s’interconnecter), chante l’amour ("Pas" est pour le coup une très belle chanson d’amour), "Luke Howard" l’un des inventeurs de la météorologie, le quotidien, les passions humaines. On ressent chez Gasc une véritable recherche sur le son et la façon de faire sonner son disque (choix organologique, emplacement des micros….), la volonté de ceux qui auraient pu passer par les bancs de l’école de Canterbury d’emmener l’auditeur vers une autre chose mélodique (surtout pour celui qui s’attend à de la gentille chanson Française) vers une musique pop presque irréelle voir parfois fantasmagorique, où le rythme de la prosodie est aussi important que celui des notes (Le rubato et les rallentando dans "Fait Divers").

Alors osons le dire, oui embrassons nous grand fou !!