Dans la galaxie queer rap si performante ses dernières années, un OVNI avance à toute vitesse, brûlant toutes les étapes et déjouant les pièges des clichés. Hé oui, le rappeur Cakes Da Killa, originaire du New Jersey traîne avec lui une étiquette de rappeur gay, mais ne s’en formalise pas.

Il faut dire qu’avec son style performant et percutant, le MC n’a rien à prouver à qui que ce soit. Lyriciste talentueux et fougueux, il signe avec son premier LP (après un certain nombre de mixtape et d’EP) une œuvre aux accents de défouloir.

Très justement intitulé Hedonism, le rappeur parle sans détour de sexe et offre à chaque titre une dimension clubbing. Gentiment écartelée entre hip-hop et beats calculés pour faire suer la populace sur les dancefloors, Cakes annonce dès l’intro sa volonté : "Let’s take it to the clubs". Ça va vite, très vite, 10 titres, 32 minutes, pour un exutoire presque sans précédent sonique à l’image du titre "Been Dat Did That".

Assumé, porté par une méchante dose de sexualité et de productions hybride, Hedonism s’adonne pleinement au milieu de la nuit. Alors que d’autres artistes ouvertement gay se retrouvent à devoir incarner l’image publique d’une minorité rendue souvent invisible, Cakes Da Killa prend la tangente. Hedonism, c’est la nuit, la fête et le sexe.

Du coup, il n’est pas surprenant de croiser au détour d’une piste Peaches ("Up Out My Face") ou encore Rye Rye ("Gon Blow"). Troupe de choc, enrôlée pour combattre l’austérité musicale qui se retrouve parfois imposée au hip-hop.

Car c’est de cela qu’il s’agit réellement : en dehors des questions de sexualité, Cakes Da Killa prouve qu’il est capable d’adapter un hip-hop east coast à des productions noctambules sans se fourvoyer. Exercice difficile, s’il en est, d’autant plus que le rap est encore trop largement cantonné dans des archétypes aux parois bien moins épaisses qu’il ne paraît. De toute façon, le sexe n’a jamais fait de mal à personne, non ?