"Toutes les familles sont des sociétés secrètes. Des royaumes d’intrigues et de guerres intestines, gouvernés par leur propres lois, leurs propres normes, leurs limites et leurs frontières, à l’extérieur desquelles ces règles paraissent souvent insensées."
On ne présente plus Douglas Kennedy, immense auteur américain, né à New-York au milieu des années 50, auteur d’un très grand nombre de livres qui séduisent particulièrement les lecteurs français et francophones. Douglas Kennedy, c’est depuis le début du 21ème siècle au moins un livre par an, édités chez Belfond. Et 2018 ne déroge pas à la règle, Douglas Kennedy nous livre son dernier opus, pour ce début d’hiver et on attend déjà le printemps pour le retrouver.
Avec La symphonie du hasard, Douglas Kennedy se lance dans une vaste fresque constituée de trois tomes, dont les deux derniers sortiront en mars et mai 2018. Cette vasque fresque se passe dans les années 70, de New York à Dublin (où il a vécu), en passant par l’Amérique du Sud et l’Irlande du Nord, racontant les drames et les secrets d’une famille américaine pendant une période charnière du siècle dernier. Ce roman fleuve qui couvre une vingtaine d’années est pour l’auteur un projet ambitieux qui nous immerge dans des sujets sociaux (comme le sexisme, le racisme et l’homophobie) et politiques (les guérillas sud-américaines et le terrorisme nord-irlandais).
L’héroïne du livre est Alice Burns, une éditrice New-Yorkaise. En lisant un manuscrit, elle replonge dans son passé et celui de sa famille. Sur le papier, une famille comme tant d’autres aux pays de l’Oncle Sam. Sauf que, par l’intermédiaire de son frère incarcéré, elle va apprendre les secrets de sa famille. Souhaitant soulager sa conscience, son frère Adam va lui révéler un secret qui va venir rompre les derniers liens qui unissent encore leur famille.
On va alors suivre Alice dans sa jeunesse, dans ses dernières années de lycée puis dans son entrée à l’université. Elle y découvre les mouvements féministes, le rock’n’roll, les drogues qui vont avec et l’émancipation. L’émancipation des jeunes américains, mais surtout la sienne, dans une famille marquée par des tensions entre ses deux parents. Sa mère juive n’est jamais d’accord avec son père, catholique irlandais qui passe son temps à boire et à fumer.
On traverse alors l’histoire des années 70 au travers de cette famille atypique et mystérieuse sur le point d’imploser. Le roman est un va-et-vient permanent entre la petite et la grande Histoire, la mémoire et la fiction avec pour inspiration la vie de l’auteur, tant les points communs entre Alice et Douglas Kennedy sont nombreux.
C’est donc une sublime et immense symphonie historique (on comprend mieux le titre), du moins la première partition, que nous propose Douglas Kennedy, celle de l’Amérique dans sa politique intérieure et extérieure au travers de l’histoire des Burns.
C’est aussi une symphonie sociologique que nous propose l’auteur américain car cette famille, racontée ici est le miroir de la société dans laquelle elle vit. Mais cette famille, aussi, nous parle, car il n’existe pas ou peu de familles sans trahisons ou secrets. On suit donc avec délectation la vie de cette Alice Burns, de sa famille, page après page, parcourant les 384 pages du premier tome pour terminer sur un "à suivre" qui nous oblige à attendre maintenant quelques mois pour lire une suite devenue déjà très attendue. |