Formation spontanée, engendrée lorsque le spectacle collectif Boby Lapointe repiqué eu le flair bien développé de les inviter, Bancal Chéri est constitué de Dimoné, Nicolas Jules, Roland Bourbon et Imbert Imbert. Leur premier album du même nom brouille les pistes qui se rejoignent sous la bannière des quatre artistes.
Complices, les quatre compères immortalisent leur connivence en assemblant les éléments de leurs distorsions créatives et fondent cet album multi genre. Leur apparence joviale de buddy-musique révèle des textes concernés, entre nostalgies ("La Vienne et les Deux-Sèvres") : "Et dans ce tramway, je pense aux gens que j’aime, aux années passées depuis la Vienne et les Deux-Sèvres" et compassions : "Tu ressens fort le goût de la médiocrité, tu fais tout comme il faut mais putain tu dors mal, leur manière de ranger les sages et les fous" ("Le droit d’être tordu").
Au son des basses électriques, doucereuses avant l’assaut "Y a des bouts de maman dans la barbe à papa, y a la mémoire des mots indignés, de la voix qui se tend comme une arme" ("La barbe à papa"). Il y a du blues hommage à Jay Hawkins, et ces cordes qui ne quittent jamais la scène.
L’album reste toutefois imprégné de bonne humeur et de collaboration heureuse. Probablement parce que de nulle part surgit subitement un apache qui s’empare de la piste 11 pour y proférer des onomatopées divagantes, manifestement signe d’une grande largesse d’esprit. "Natanae" est un foisonnant mélange d’araméen et d’arménien, aux rythmes vaudous invitant au lâcher-prise.
Ou bien par le sifflement mélancolique de la contrebasse, rendant poétique l’énumération façon cadavre exquis de "Mounak". Ou par un morceau instrumental ("Glass Glock"), divagation inopinée au milieu d’un album parlé ou champ libre à la création de l’auditoire ?
"Pour la cumbia, j’ai pas les pas, pour la rumba congolaise, j’ai pas les pas, pour le mambo, j’ai pas les pas et pour le twist non plus, pour la biguine, j’ai pas les pas, pour la bourrée auvergnate, j’ai pas les pas, pour le marche ou crève j’ai pas les pas, et ton amour j’l'ai plus, mais pour le rock n’roll j’ai les épaules" ("Les épaules"). Voilà qui est clair à présent, Bancal Chéri est l’anticonformisme du rock'n’roll, des textes entre cordes et caisses.
Parce que la musique adoucit les mœurs, rassemble, emmène, transcende et transporte, parce que le rythme inspire, divague et voyage, parce que Bancal Chéri a bien fait de nous faire partager leurs créations, parce que la bonne humeur se partage aussi, écoutez donc ces morceaux. Et mangez des pommes évidemment.