Une base de départ : la subtile musique de Fred Pallem. Cette ligne esthétique que le bassiste, arrangeur, compositeur et grand manitou du génial Sacre du Tympan ne cesse de tirer depuis Le Sacre du Tympan (Le Chant du Monde, 2002). Ces obsessions (Ellington, Nino Rota, De Roubaix, la Blaxploitation, Charles Ives, Lalo Schifrin, Mingus, John Barry, Tex Avery…) mais qui découlent sur une musique qui lui est si personnelle, ce groove, ces harmonies, ces atmosphères cinégéniques, ces chorus, ces mélodies qui trouvent leurs apogées dans le magnifique L’odyssée. Et puis des remix : de Yuksek, Forever Pavot, Domotic, Tiger Tigre, Julien Gasc...
Cela faisait quelque temps que Fred Pallem nourrissait l’envie de voir sa musique passer par d’autres mains et de voir comment l’alchimie prendrait.
La matière première, les compositions sont d’une telle force dramaturgique, mélodique que le résultat ne pouvait qu’être intéressant ! Yuksek avec un disco-funk tribal et Saint Antoine transportent L’odyssée sur le dancefloor tandis que Julien Gasc, en y ajoutant un texte, envoie le même titre dans une galaxie aux teintes psychédéliques. Les tons sont plus sombres, l’atmosphère est plus anxiogène chez Don Turi qui transforme "Le village du sorcier" en musique de film d’horreur. Un village du sorcier nettement plus moite chez Victor Le Masne, moitié de Housse de Racket. La version de "Death and life of a Suburban Guy" d’Ojard est comme une pernicieuse caresse, celle de Tiger Tigre nous plonge dans un monde étrange. Sortira-t-on indemne du dédale dans lequel Forever Pavot immerge "Astringent Mouse Trap" ? L’interprétation de "Haemophilus Aphrophilus" par Gooontran reste assez fidèle à l’originale et bastonne sévèrement.
Cet odyssée Remix est donc loin d’être anecdotique. Véritable effet de miroir : le même soin apporté aux dynamiques, aux rythmes, aux agencements sonores. Ce disque est un parfait reflet, une parfaite relecture, un autre regard sur l’original mais mérite aussi de vivre par lui-même !