Voici le premier album solo du leader de l’excellent groupe américain The National. Pour ceux qui ne connaissent pas, The National, originaire de Cincinitati et basé dorénavant à Brooklyn, officie depuis une vingtaine d’années dans un style indie rock très raffiné. Leur titre "Fake Empire" (à écouter immédiatement si vous ne connaissez pas) tiré de leur quatrième album Boxer (2007) avait servi à Obama de musique à sa campagne électorale en 2008.

Cet album solo sort un an à peine après leur dernier disque I Am Easy to Find  qui nous avait déçu avec une voix féminine omniprésente et des titres assez indigestes finalement.

Il n’en est rien ici. Avec Serpentine Person, Matt Berninger renoue avec une influence indie-rock-folk americana en plaçant les 10 titres du disque sous le signe du spleen et de la nostalgie. Un style épuré, une voix apaisante de baryton, des cuivres ou de l’orgue avec parcimonie. Le résultat est magnifique.

L’album comporte aussi quelques invités, l’ancienne bassiste amazone de David Bowie, Gail Ann Dorsey, Matt Berick de The Walkmen ou Andrew Bird mais leurs participations restent discrètes et subtiles.

Matt Berninger a fait un choix audacieux pour la production du disque en la confiant au claviériste soul, Booker T Jones, pilier du label Stax et membre du groupe Booker T. & the M.G.'s. (album Green Onions de 1962 à écouter). A priori, ce choix de Booker T Jones a été fait fait par rapport à son travail sur Stardust, album de reprises enregistré en 1978 par le chanteur country Willie Nelson.

En tout cas, après des élections éprouvantes, ce disque est parfait pour renouer avec une certaine élégance américaine.

On conseille enfin l’achat de l’album en vinyle afin de profiter de la magnifique pochette consistant en un portrait peint du chanteur, de l’artiste américain Michael Carson, peintre de Minneapolis qui revendique l’influence de Toulouse Lautrec.