Schubert : The Last Quartets
(Aparté) novembre 2021
"La jeune fille :
Va-t’en ! Ah ! va-t’en !
Disparais, odieux squelette !
Je suis encore jeune, va-t’en !
Et ne me touche pas.
La Mort :
Donne-moi la main, douce et belle créature !
Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
Laisse-toi faire ! N'aie pas peur
Viens sagement dormir dans mes bras" Matthias Claudius
En 1824, malade depuis deux ans de la syphilis, Franz Schubert a 27 ans, il ne lui reste plus que 4 ans à vivre. C’est le début d’une période de grande souffrance pour Schubert, à peine entrecoupée de moments plus lumineux, mais ces œuvres prennent une dimension nouvelle gagnant en intensité expressive ou en gravité. C’est à cette époque qu’est composé le superbe quatuor n°14 La jeune fille et la Mort empruntant son nom à son deuxième mouvement dont le thème est repris d’un lied (D. 531) mettant en musique un poème de Mathias Claudius. Est-ce l’idée de la mort qui guide la plume de Schubert, son si effroyable et angoissant dessein mais également sa douce résignation, son acceptation ?
Le quatuor n°15 est composé deux ans plus tard. Schubert y joue comme souvent du contraste entre majeur et mineur. Peut-être moins immédiat que les précédents ce quatuor possède pour autant de nombreuses et superbes fulgurances entre obscurité et lumière.
L’Aviv Quartet offre une très belle interprétation jouée avec sensibilité et justesse, pleine de couleurs, de contrastes, d’intensité, avec un son d’ensemble clair permettant de suivre chaque musicien, et déjouant une pensée de l'ensemble comme un tout indistinct. Il y a beaucoup de maîtrise et une intelligence, une compréhension de la musique de chambre de Schubert.