Spectacle circassien orchestré par Maroussia Diaz Verbèke interprété par Lucas Cabral Maciel, Julia Henning, Beatrice Martins, Maíra Moraes, Marco Motta et André Oliveira Db.

Si le titre du spectacle annonce "23 fragments de ces derniers jours", c’est finalement à "36 fragments" que l’on va avoir droit.

Sur une scène où a été dessiné un "rond" pour délimiter les dimensions d’une piste de cirque, autour de laquelle, on a dressé des gradins peuplés de quelques dizaines de spectateurs, six circassiens vont illustrer 36 moments de l’histoire du Brésil, pays dont ils sont originaires.

On devine que les élections récentes, et le retour de Lula, ont décuplé leurs forces pour donner le meilleur d’eux-mêmes et surtout pour communiquer leur joie au public français. C’est Maroussia Diaz Verbèke qui a orchestré ce spectacle coloré et fraternel, où se succèdent numéros de cirque proprement dits, pas de danses, simples expressions ou explosions de joie, voire clins d’œil ou gags.

Sans jamais de temps morts, les six compagnons (Lucas Cabral Maciel, Beatrice Martins, André Oliveira Db, Maïra Moraes, Julia Henning, Marco Motta) alternent le spectaculaire et l’anodin, l’original et l’attendu. La vie, quoi.

On retiendra en particulier le numéro de "funambulisme" de Julia qui, chaussée de bottines à hauts talons, marche sur un alignement d’une cinquantaine de bouteilles installé de part en part du cercle.

Dans un genre voisin, on aura mal pour Maïra Moraes qui semble pourtant très sereine en traversant la même distance, pieds nus, en suivant une ligne de briquettes Lego, copieusement disséminées sur sa route. Et que dire, quand la même, s’amuse à éteindre avec ses pieds un long corridor de bougies.

Tous, on l’a dit, sont autant danseurs qu'acrobates ou contorsionnistes, mais certains, comme André Oliveira Db, n’hésitent pas à reprendre des éléments des danses carioca, ceux qu’on voit au carnaval de Rio, où même chorégraphient des gestes pratiqués par les champions de Capoeira.

On est évidemment incapables d’expliquer le "pourquoi" des intitulés des "fragments". Cela n’a pas une grande importance, mais on se surprend parfois à décrocher quand se succèdent des numéros assez proches. Impossible qu'il n'y ait pas, dans ce fourre-tout généreux, des moments plus forts que d'autres. Les six personnages en quête de cirque et porteurs d'utopie le savent bien et rebondissent sans cesse. On aura donc plus de plaisir à voir les choses s'accumuler que d'ennui à les voir se répéter.

A un moment, quelqu'un critique la devise du Brésil, "Ordre et Progrès", révélant tout l'héritage positiviste du pays. Les six circassiens revendiquent une autre devise où ne seraient pas oubliés les citoyens du plus grand pays d'Amérique du Sud.

En tout cas, bravo à ce mélange des genres qui n'empêche pas d'avoir, objectivement, assisté à un excellent spectacle de cirque.