On pourrait parler des heures de la pop néo-zélandaise, voire australienne. Oeuvre d'amateurs zélés, d'orfèvres de la musique qui, de leur mains et de leur coeur, firent jaillir quelques inoubliables mélodies de leurs guitares, responsables de quelques uns de nos plus beaux émois musicaux.
On pourrait parler de la pop malicieuse des Bats, de la ligne mélancolique des Appartments, sans oublier les superbes songwriters Robert Forster et Grant Mclennan (The Go Beetween), dont la seule évocation de quelques uns de leurs titres donne encore des frissons. On pourrait aussi parler d'une filiation américaine de tous ces gens là. De l'étoile filante Elliott Smith, voix d'ange et guitare sèche face au reste du monde.
Mais on parlera ici de Liam Finn, fils de son père Neil (dont le groupe eut un certain succès sous le nom de Crowded House).
Liam Finn, c'est un mélange de tout cela, à croire que le jeune homme, baignant dès sa plus tendre enfance dans la musique a absorbé des décennies de musique, de sons et de mélodies.
Seul maître à bord, le garçon compose et interprète, certes, mais joue également de chacun des instruments que l'on entend sur le disque (et à en croire les rumeurs, c'est peu ou proue la même chose en live) et de sa folk fantaisie, il nous tient en haleine du début à la fin de I'll Be Lightning.
Lumineux, c'est bien le moindre des compliments que l'on puisse faire à ce disque frais et réjouissant, dévoilant des mélodies beatlesiennes, un chant qui fait souvent penser à Elliott Smith, un sens naturel des arrangements simples mais efficaces, pour un album composé d'une grosse moitié de tubes sans artifices.
Car même lorsque Finn accélère le tempo, c'est toujours dans un esprit d'artisan, une batterie sèche, une guitare aux effets mimalistes et quelques choeurs pour le refrain ("Lead balloon" aux yeah yeah yeah irrésistibles).
Que ce soit sur des titres rock ou des chansons folk plus intimistes, Finn fait preuve d'un sacré sens de la mise en valeur de ces titres, et pas une seconde ne sera laissée à l'ennui. Même sur "Fire in your belly" dépouillé à l'extrême, le charme de la voix saura opèrer pour nous charmer tout comme la bien nommée "Lullaby", magnifique de douceur et pleine de sensibilité sans pour autant sentir le roman de gare. Voix d'ailleurs remarquable, que l'on pourrait située entre les Beatles, Elliott Smith et Johnatan Donahue (Mercury Rev).
"Wise man" est la parfaite synthèse des multiples talents de ce jeune homme barbu (un peu à la Hugh Coltman, autre talentueux folkeux) et sans doute le tube, s'il fallait n'en garder qu'un (ce qui serait vraiment dommage tant le disque est bon).
Pour un premier album, Finn a su apporter à ses qualités d'auteur-compositeur l'expérience de la production sans doute acquise au fil des ans dans le studio de papa (là où l'album a été enregistré) sans pour autant faire un disque facile de fils à papa.
Ce disque est beau et son auteur promis à un bel avenir, dans la lignée de ses illustres compatriotes. |