Le climat ambiant réclame un barbecue en ce jeudi soir, et pourtant c’est avec plaisir que j’abandonne mes côtelettes sur le feu car ce soir les 5 new-yorkais d’Anti-Pop Consortium nous font l’honneur de descendre du côté de Saint-Etienne. J’arrive sur place et constate, un peu inquiet, que la salle se remplit timidement.
La première partie commence donc avec quelques spectateurs dispatchés au fond de la salle. Les 3 membres des MnM’s The Gateboys ont l’air d’effrayer le public. Pourtant il n’y a pas de quoi ! Accoutrés comme le quidam moyen, on ne peut pas dire qu’ils soient dotés d’un charisme surnaturel. Le groupe est composé d’un duo de mixeurs armés chacun d’un laptop et d’un clavier de sample et d’un guitariste à l’allure christique. On commence par balancer la tête au rythme des basses qui font vibrer le torse. Le son est lourd et acéré, le beat survitaminé. Cela ressemble presque à du Prodigy légèrement saupoudré de hip-hop.
Ils réussissent même l’alliance improbable de la voix Laureen Hill sur des samples de guitares "métal". Etrangement plus la set-list se déroule plus j’ai envie de me jeter sur le dancefloor, envouté par cette musique qui n’aurait pas à rougir de passer dans quelque boite hype parisienne. Mais je me retiens car la salle s’est presque entièrement vidée de son public, suis-je donc le seul à apprécier le son ? Non, les MnM’s ont l’air absorbés par leur musique. Au moins ne sont-ils pas perturbés par l’absence de spectateurs qui se sont, eux, exilés dehors pour profiter de la bière et du coucher de soleil. Dommage, ils ne verront pas un des mixeurs quelque peu désappointé par le vide conclure abruptement par un "c’est fini…".
Une fois la nuit tombée, le froid fait subitement rentrer la foule à l’intérieur du fil, à moins que ce ne soit l’entrée sur scène d’Anti-Pop Consortium (APC)! Peut-être est il bon de faire une petite description d’APC ? Composé de 3 rappeurs accompagné par un maître du sampler, ce groupe de hip-hop expérimental formé à la fin des années 90 devînt une icône de la scène new-yorkaise underground. Ils touchèrent rapidement un public très éclectique par leurs explorations sonores et le flow sans limites des rappeurs. Le succès ne suffit pourtant pas à faire oublier des divergences artistiques. Le groupe se sépare en 2002 mais laissera sa trace dans le paysage musical. Heureusement leur soif de création les pousse à se reformer en 2007.
Et les voilà deux ans après au Fil pour une tournée précédent la sortie de leur futur album. Le public stéphanois compte quelques casquettes de la ligue de baseball américaine, mais pas d’effusions de genres, c’est essentiellement la population indie qui a fait le déplacement. La salle est entièrement remplie ce qui provoque un changement brutal avec la première partie.
Pendant ce temps, sur la scène chaque membre du groupe prend place autour d’une grande table pleine de claviers, platines, laptop et autres tables de mixages. Le son d’une boite à rythme surgit, rapidement accompagné par des nappes d’un clavier au son complètement distordu. L’instru se met en place, la pression monte. Enfin, après un temps qui parait interminable, mister Sayyid s’avance sur le devant de la scène et lance un appel à foule qui répond par des cris et des bras levés : pas de doute APC est de retour !
En deux chansons le groupe a complètement retourné l’ambiance ! Pas au point de faire sauter tout le monde mais toutes les têtes balancent au rythme des basses. Les gars d’APC nous envoient les "tubes" des anciens albums, et nous gratifient de plusieurs bombes présentes sur la future galette. Sayyid en véritable leader du groupe prend soin de faire réagir la foule et est sûrement pour beaucoup dans le succès du concert. Mais le temps passe trop vite et le concert arrive déjà à sa fin. Après un rappel en bonne et due forme les APC clôturent le concert avec l’incontournable "Ghostlawns". Un pur moment de bonheur musical ! L’attente jusqu’à la sortie de l’album risque d’être douloureuse. |