On
avait quitté Friends of Dean Martinez
sur une petite interview et un superbe album Under
the waves il y a environ un an. A l'époque, l'album
avait été enregistré avec les participations
des compéres Burns / Convertino
qui depuis se sont consacrés entièrement à
Calexico.
Aussi, nous attendions ce nouvel album avec une certaine curiosité
afin de savoir si oui ou non le son de Friends of Dean Martinez
existe en tant qu'émanation de son leader Bill
Elm.
On dit souvent d'un album qu'il est "dans la continuité"
du précédent, et en général cela s'accompagne
d'un tas de critiques pour expliquer que le musicien a trouvé
ses limites et ne sait pas se renouveler. Pourtant, en ce qui concerne
Random Harvest, il en va tout autrement.
Si en effet ce disque est le prolongement incontestable de "Under
the Waves" ce qui est très positif. Car plus qu'un disque
il s'agit bien d'un univers tout entier que nous fait partager Bill
Elm, celui des westerns et des grands espaces... Et tout cela sans
une seule parole, tout est instrumental et pourtant tellement parlant.
Mais attention n'allez pas croire que Ramdom Harvest est un album
de folklore mexicain.Il s'agit plutôt d'une évocation,
de petites touches omniprésentes mais discrètes qui
nous raménent inlassablement à Tucson, Arizona.
"So well remembered" ouvre
le bal avec entrain et plante le décor avec ses faux air
de Calexico en moins joyeux. C'est sur "Ripcord"
que les choses sérieuses commencent. Brillante démonstration
de comment créer une ambiance avec 2 guitares et une batterie
à peine effleurée sans avoir recours aux clichés
habituels du mariachi toujours souriant.
Le décor est donc planté, et ressemble comme 2 gouttes
d'eau à celui de Under the Waves... et pourtant tout est
différent, tout va plus loin ... car Ramdom Harvest est sans
doute le meilleur travail de Bill Elm depuis très longtemps.Et
le superbe "The winter palace"
qui déroule le long de ses 7 minutes tout le savoir faire
de Elm et ses compagnons est là pour le prouver.
Ce disque que l'on imagine comme la bande son idéal d'un
western moderne se suffit à lui même. Nul besoin d'images,
elles sautent aux yeux. Impossible alors d'imaginer un autre metteur
en scène que vous même.
Et quand "The winter palace"
enchaine sur l'indissociable "Ramdom Harvest"
c'est l'apothéose, le moment fort de votre film, morceau
fantastique sur lequel on jurerait entendre un Mogwai
country en verve mélodique dans une pourtant relative économie
d'instruments et de décibels.
Le sombre et destructuré "Dusk"
ne vient que confirmer les qualités de ce disque sur un titre
flirtant entre le Neil Young de Dead
Man et l'univers post rock de GYBE!
ou Mogwai.
"Lost horizon" est le tube
de l'album, la bouffée d'air frais après l'angoissant
"Dusk" revenant titiller du
bout du maraccas l'univers de Calexico. On approche de la fin de
notre film, la tragédie a eu lieu sur "Dusk",
tout va mieux et c'est serein que nous abordons le morceau de clôture,
le faux calme "Nowhere to go"
parfait comme générique de fin et leitmotiv de ce
groupe atypique qu'est Friends of Dean Martinez...
Nowhere to go ... signe d'impuissance ou revendication ? Seul Bill
Elm connait peut être la réponse mais une chose est
certaine, ce disque doit absolument rejoindre votre discothèque
!
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