Pour commencer je me dois de parler de l'objet étrange qu'est ce CD, avec une des jaquettes les plus kitsch depuis bien longtemps (on dirait que le mec qui a fait la pochette du CD est aussi celui qui fait les T-Shirts de Johnny avec des loups et des aigles). On voit un portrait de la chanteuse Lisa Li-Lund, maquillée dans un pur style fin des année 80, avec une constellation d'étoiles en sur-impression. Quand on ouvre le livret ou quand on voit la galette, ce n'est guère mieux : on se retrouve dans un délire rétro-futuriste, avec des typographies ambiance science-fiction des années 60, ou un schéma astral...
The Big Crunch Theory est le nom d'un des possibles destins de l'Univers. Il désigne son effondrement à la fin de sa phase d'expansion faisant suite au Big Bang. C'est donc une sorte de Big Bang inversé ou tout serait aspiré dans un trou noir. Du coup, quand un groupe décide de s'appeler ainsi, la personne en charge du graphisme et de la communication visuelle ne devrait pas partir dans ce genre de délire. Est-ce que Radiohead met des hommes à têtes de radio sur ses jaquettes ? Est-ce que les Smashing Pumpkins mettent des photos de citrouilles dans leurs livrets CD ? A-t-on déjà vu une pochette d'album avec des fées pour les Pixies ?
Certains groupes peuvent se permettre d'avoir de l'humour et faire des jaquettes horriblement kitsch et moches (comme Weezer et leurs deux derniers albums), mais c'est rare. Sans connaître son contenu, qui aurait envie d'acheter ce disque en le voyant dans les rayons de la Fnac ou du Virgin ? Dommage parce qu'il y a à l'intérieur est vraiment pas mal.
The Big Crunch Theory est un duo formé par la chanteuse Lisa Li-Lund et Gilbert Cohen, le boss du label Versatile et moitié du duo Château Flight. Gilbert se charge de créer des nappes de sons très mélodiques teintées de pop et de groove, tandis que Lisa, que l'on connaissait dans un registre plus folk, pose sa voix toute douce dans une ambiance électro qui lui va plutôt bien. C'est parfois gai, parfois plutôt sombre. Il y a des petites percées d'inspiration hip-hop puis pop pour finir avec des morceaux instrumentaux. C'est très mélodique, et le mariage du chant gracile avec cette rythmique et ces petits synthés en toile de fond marche parfaitement. Le disque est bourré de guest comme Maxime Delpierre (Joakim & The Disco), Bertrand Burgalat, Etienne Jaumet (Zombie Zombie), ou encore Yaya Herman-Dune...
Cet album est une superbe démonstration d'ambiante pop. Il est planant avec ces nappes synthétiques très envoûtante, et cette voix très hypnotique. Ils ont réussi là ou Blonde Redhead avait fait un disque chiant avec leur Penny Sparkle. Je ne vais pas en rajouter une couche sur le packaging du CD, je vous conseillerais donc d'acheter cet album qui est une vraie réussite, mais en tant que graphiste, je conseille juste de l'acheter sur une plate-forme de téléchargement légal. |