L'Atelier des Lumières présente une exposition numérique "Chagall Paris-New York"consacrée à l'oeuvre du peintre, graveur, poète, verrier, céramiste et sculpteur Marc Chagall (1887-1985) dans le cadre spatio-temporel constitué par ces deux capitales.
Paris, ville d'élection comme capitale de l'avant-garde, dans laquelle il arrive en 1910 à l'instar de nombreux artistes d'origine juive venus d'Europe et de Russie, puis s'y installe en 1924, et New York, ville d'exil lors de la Seconde guerre mondiale où il demeure jusqu'en 1948 avant de revenir en France.
En retenant ces deux pôles, la monstration conçue par Gianfranco Iannuzzi, artiste numérique et metteur en scène d’expositions immersives, avec le conseil scientifique de Cecilia Braschi, historienne d'art, permet une superbe immersion tant dans l'univers que l'iconographie d'une oeuvre prolifique qui se déploie sur huit décennies.
La réalisation technique et la création musicale ont été confiées respectivement au Sudio Spectre Lab et à l'Agence Start-Rec pour une bande-son éclectique empruntant tant à la musique classique que klezmer, au jazz comme à la chanson française* qui scande judicieusement la monstration.
Chagall, un art du sacré de la joie au tragique
Inscrite dans un syncrétisme singulier entre figuration narrative combinant réalisme et et transfiguration, symbolisme et onirisme, la prolifique et polyphonique production notamment picturale de Marc Chagall, peintre de la lumière et de la couleur, s'avère tant autobiographique et identitaire qu'humaniste.
Les élément fondateurs de son oeuvre, qui imbrique la célébration de la vie, de l'intime, de l'amour et de la joie, et la représentation du tragique avec le thème de la guerre, sont issus de de tradition picturale russe liée à sa formation à l’Ecole des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, et du néo-primitivisme de l'avant-garde russe.
Et qu'il décline de manière récurrente à la faveur de ses motifs de prédilection dont les mythes populaires ou bibliques issus du folklore russe dont il résulte une farandole fantasmagorique placée sous l'aune de la métaphore chimérique avec notamment un singulier bestiaire fantastique pour transfigurer et transcender le monde.
De même pour les paysages et les scènes de genre déclinant la vie quotidienne dans le bourg rural de Vitesk et les traditions hassidiques de l'enfance de Chagall né Moïche Zakharovitch Chagalov qui ont déterminé sa vision cosmogonique du monde.
Parmi ses thèmes de prédilection, l'amour et le couple avec de nombreuses toiles célébrant l'union intime avec sa première épouse Bella, muse absolue, même après sa mort en 1944, et icônisée en éternelle fiancée.
Autre motif favori, les arts du spectacle, et plus particulièrement le cirque dans lesquels s'épanouit sa palette d'exceptionnel coloriste.
Simultanément la production de Marc Chagall de la première moitié du 20ème siècle retrace, comme le titrait l'exposition "Chagall - Entre guerre et paix" au Musée du Luxembourg en 2013, les convulsions de l'Histoire, de la Révolution de 1917 et des deux guerres mondiales synthétisées dans le triptyque "Résistance, Libération, Résurrection" sur le thème de la Crucifixion, symbole universel de la souffrance humaine.
Et de la persécution des Juifs, des pogroms à l'Holocauste avec à ce titre, en 1950, il a écrit un superbe poème-kaddish "Pour les artistes martyrs" dédié à ses frères et homologues exterminés qui clôturait l'exposition "Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940" au Musée d'Histoire et d'Art du Judaïsme en 2021.
L'intérêt de cette exposition tient en sus à la présentation de focus sur des aspects moins connus du grand publi de l'activité de Chagall, dans le domaine de la statuaire, des arts graphiques avec l'illustration de textes littéraires, des Fables de La Fontaine à la Bible, de la céramique et de la mosaïque.
Dans les années d'après-guerre, Chagall s'engage dans la réalisation de projets monumentaux, de très connus comme le plafond de l’Opéra de Paris mais également les peintures murales pour la façade du Lincoln Center à New York, et notamment ses créations de vitraux pour des édifices religieux en France et dans le monde entier.
Tels ceux de la série "Le Message Biblique" pour le Musée musée national Marc Chagall à Nice inauguré de son vivant et "Les fenêtres de Jérusalem" pour la clinique Hadassah à Jérusalem.
Autres intérêts de l'immersion numérique proposée par Gianfranco Iannuzzi tient à l'inclusion d'images d'archives en mode pêle-mêle qui retracent la vie de l'artiste et aux gros plans sur la matière picturale spécifique à Chagall.
Et en épilogue un éblouissement résultant de l'explosion des toiles qui en libère les pigments en un splendide feu d'artifice, ces pigments que l'artiste métamorphose en oeuvre picturale.
En préambule à la visite
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à écouter :
* la playlist de l'exposition
le podcast de l'émission "Marc Chagall, l'ange saltimbanque (1887-1985)" dans le cadre du programme "Une vie une oeuvre" de France Culture
à avoir en vidéo :
l'interview de Marc Chagall à Saint-Paul de Vence en 1967
la conférence "Chagall, passeur de culture" dispensée par l'historien d'art Itzhak Goldbergdans le cadre de l'exposition "Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940" au Musée d'Histoire et d'Art du Judaïsme en 2021
la visite virtuelle de l'exposition "Chagall. Le passeur de lumière" au Centre Pompidou-Metz en 2020 dédiée à l'art du vitrail dans l’œuvre de l’artiste
"Chagall - Entre guerre et paix" au Musée du Luxembourg en 2013
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