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puce L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine
Ruwen Ogien  (Editions Grasset)  septembre 2011

Le titre aux airs d'humour à la Cosmopolitan, "L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine" est léger et alléchant bien que tempéré par le deuxième membre de phrase écrit en petits caractères "et autres questions de philosophie morale expérimentale", et le CV de son auteur Ruwen Ogien, philosophe formé à l'anthropologie sociale et directeur de recherches en philosophie morale au CNRS.

Mais la présentation du sommaire au début de l'ouvrage, mauvais présage en soi tant il évoque la structure formelle de la thèse universitaire, a déjà de quoi alerter le lecteur avisé même si les titres de certains chapitres ("le tramway qui tue", "Que suis-je sans mes organes?", "Les monstres et les saints") appellent le sourire et laissent vagabonder l'imagination.

Celui de l'avant-propos ("Un antimanuel d'éthique") et son contenu comme celui de l'introduction ont de quoi décourager car en évoquant les questions de fond qui seront abordées (l'éthique antifondamentalisme, l'éthique normative moderne, l'épistélologie, le déontologisme inspiré de Kant, le conséquentialisme arétiste...), ils placent immédiatement la barre assez haut même si le coeur de cible de l'ouvrage est l'individu lambda et non l'érudit versé en philosophie morale.

Car le but annoncé de Ruwen Ogien, dont les analyses et prises de position considérées comme ultralibéralistes ont été remarquées et ont fait polémique lors de certains débats sur la pornographie, la prostitution et la bioéthique, est de "proposer une boite à outils intellectuels pour affronter le débat moral sans se laisser intimider par les grands mots et les grandes déclarations de principe".

Cela étant, cet ouvrage publié dans la collection "Essais, documents, biographies" des Editions Grasset s'adresse à un lectorat averti et que, pour les autres, la lecture en sera laborieuse et que la progression vers la conclusion, puisque conclusion il y a, qui récompensera le lecteur tenace devra son succès à la consultation soutenue du dictionnaire et à l'absorption régulière de molécules chimiques destinées au traitement des céphalées.

Autre précision, une sensation d'épuisement intellectuel pourra se manifester car du fait de la possible identification du lecteur au mythique Sisyphe du fait de la structure du texte qui est essentiellement en forme interrogative.

En effet, la quasi totalité des chapitres commence et s'achève par une interrogation, et les développements sont tout aussi truffés de point d'interrogation au point où leur écriture a dû épuiser la touche ad hoc de plus d'un clavier. Toutes les thèses ou analyses présentées ou échafaudées sont aussitôt remises en cause sans qu'il en soit tiré de conséquences tangibles.

Cela étant, et étant également précisé que de l'effluve de la viennoiserie nationale enviée par le monde entier il ne sera question qu'à titre anecdotique, Ruwen Ogien y traite de la philosophie morale expérimentale qu'il présente comme "une discipline en gestation qui mêle l'étude scientifique de l'origine des normes sociales dans les sociétés humaines et animales et la réflexion sur la valeur de ces normes".

Ou de manière plus simple : "la philosophie morale expérimentale cherche à comprendre les mécanismes de formation, dans la tête des gens des idées morales pour en tirer certaines conclusions sur leur fiabilité en tant que moyens de connaissances morales".

L'opus, fort de plus de 300 pages, est divisé en deux parties, la première traitant des problèmes, dilemmes et paradoxes à l'aide de 19 casse-têtes moraux très sérieux et scientifiques "pour confronter le lecteur directement aux difficultés de la pensée morale en soumettant à sa sagacité ses modes opératoires et ses travaux concrets".

Ces casse-têtes sont des petites expériences de pensée en éthique qui place le sujet face à un choix drastique dont certaines évoquent le sketch "Tu préfères ?" de Pierre Palmade et Gérard Darmon.

Ainsi celle du tramway qui tue ou du violoniste qu'on vous a branché dans le dos qui constituent des métaphores possibles pour alimenter la réflexion sur des sujets éthiques tels que le clonage à fins de constituer des banques d'organes humaines (pour sauver la vie de 5 personnes qui sont sur une voie de tramway, accepteriez-vous de dévier le tramway sur une voie où il n'y a qu'une personne qui serait donc irrémédiablement tuée ?) ou l'avortement (accepteriez-vous de rester immobilisé neuf mois dans un lit pour sauver la vie d'un inconnu ?).

De ces expériences triturées et déclinées sous tous les angles, il ne sort hélas pas grand chose de rationnel ni même d'éclairant.

Dans la seconde partie consacrée aux "ingrédients de la cuisine morale" au terme de laquelle se dégageraient au moins quatre règles élémentaires du raisonnement moral que vous découvrirez page 271) et un postulat fondamental : "il ne faut jamais confondre l'intuition, la justification de l'intuition et leur interprétation par les psychologues et les philosophes".

Quant à la conclusion, en quelque sorte triple, elle laisse pour le moins songeur : 1- "on ne sait pas encore exactement dans quelle direction la philosophie morale expérimentale finira par s'orienter et quelle sera la nature de sa contribution à la philosophie (si elle en a une)" 2- "rien dans les concepts et les méthodes de la philosophie morale n'est à l'abri de la contestation et de la révision" 3- "mais pourquoi faudrait-il chercher à fonder la morale ?"

Allez, a tchao bonsoir !

 
A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "La guerre aux pauvres commence à l'école" du même auteur

MM         
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