Pour ceux qui connaissent la série déjantée "Community" (sitcom mettant en scène un groupe d'amis se formant dans un "community college" où se côtoient losers en tous genres), Troy vous parle forcément, personnage du fameux duo Troy & Abed. A seulement 28 ans, Donald Glover de son vrai nom présente plusieurs facettes d'artiste : en plus de comédien remarquable, on le retrouve en tant que scénariste pour "30 Rocks", talentueux comique de stand up, et enfin rappeur avec ce nouvel album Camp sous le nom de Childish Gambino.
C'est sous un flow incroyablement fluide et maîtrisé que Childish Gambino oeuvre dans un rap qui est loin d'être une comédie mais l'assurance même d'un véritable talent, il se permet même une deuxième place dans les charts de rap US. Prônant des influences variées, de Lil Wayne à Sufjan Stevens, les morceaux sonnent différemment les uns des autres avec tantôt des beats lourdement soutenus ("Backpakers"), du minimaliste et rythmes décousus ("Bonfire"), du tubesque ("Heartbeat") et tant d'autres styles partagés et entremêlés avec une efficacité redoutable. Quelques titres laissent tout de même réticent avec des envolées R'n'B un peu fleur bleue ("Kids").
Les thèmes des textes reviennent sur son enfance, sa différence à la limite de l'exclusion par rapport à la culture noire américaine de sa génération, et, à prendre au premier comme au second degré, sa fierté sur sa libido avec son mot fétiche "dick" revenant plus que fréquemment. Ces paroles sont déversées dans un flow continu costaud, avec une habilité imposant le respect (pour rappel, revoir le rap entrepris par Troy&Abed dans l'épisode 10 de la saison 3 de Community).
Infatigable, Childish Gambino déploie sur scène toute son énergie dans une pêche incroyable, stimulant la totalité de la foule qui entre dans plus d'une heure de folie bondissante. S'inquiétant lui-même avec humour d'en devenir schizophrène, Donald Glover excelle dans tout ce qu'il entreprend avec une facilité apparente déconcertante. |