Spectacle musical conçu par Cyrille Garit et Stève Perrin, mise en scène de Jean-Charles Mouveaux-Mayeur, avec Vanessa Cailhol, Joseph-Emmanuel Biscardi, Caroline Klaus et Philippe d'Avilla accompagnés par les musiciens Jibril Caratini-Sotto et François Fuchs.
Dans un hôpital psychiatrique, la rencontre et l’histoire d’amour contrariée de deux patients : Lula dépressive chronique et Max, bipolaire.
Un infirmier cynique et affable à l’allure d’un bateleur de foire nous accueille (Philippe d’Avilla qui, comme Caroline Claus, a la tache difficile de jouer de nombreux personnages) pour la visite des Trois chênes, nom de l’établissement et la présentation des différents personnages qui le peuplent. Cette entrée en matière originale mais discutable (sommes-nous les voyeurs d’une "cour des miracles" ?) nous immerge tout de suite dans le vif du sujet.
Comme dans Roméo et Juliette, le couple nait dans l’adversité et devra lutter contre le regard des autres. Au passage, le spectacle brosse un portrait délicat d’un monde méconnu.
Le texte réussi et parsemé d’humour (il faut bien ça pour faire passer un sujet pareil) n’évite pas quelques clichés et c’est dommage mais c’est peu de choses comparé à ce que cette comédie musicale de Cyrille Garit et Stève Perrin véhicule d’émotions et propose de séquences originales et fortes.
La mise en scène efficace de Jean-Charles Mouveaux-Mayer met en valeur le travail musical techniquement irréprochable et la présence sur scène des deux très bons musiciens (Jibril Caratini-Sotto et François Fuchs, pianiste et contrebassiste) ajoute encore à l’ensemble grâce à leur sobriété et leur écoute attentive qui participe à la réussite des moments chantés. Les chorégraphies signées Stéphanie Chatton sont également magnifiques.
Et c’est surtout pour la prestation éloquente des deux interprètes principaux que "Les instants volés" mérite d’être vu. Vanessa Cailhol est touchante en Lula à qui elle donne une vraie justesse et énormément d’émotion.
Quant à Joseph-Emmanuel Biscardi, que ce soit dans le jeu, la danse ou le chant, il est plus que convaincant et sa prestation sans caricature dans un rôle pas évident à qui il confère une vraie complexité est remarquable. Il est bouleversant. Et la fin du spectacle remue incontestablement. |