Entre ceux qui comptent leurs boites de cassoulet en prévision du Grand Foin Qui Nous Attend, ceux qui s’impatientent en attendant Gros Barbu, ceux qui glissent sur le périphérique et ceux qui ne savent toujours pas mettre des chaines, qui reste-t-il pour s’intéresser à l’illustre Napoléon ? La petite histoire de Napoléon, croquis de l’épopée, par G. Lenotre a pourtant été éditée avant le Bug Génial Qui A Tout Détraqué La Terre (à grands évènements, grands mots !).
"Regardez votre passé avant de prétendre l’avenir" disait TrukBidul, le grand mage du flocon à 12 branches. Penchons-nous donc sur cet ouvrage.
D’abord, Les Cahiers Rouges des Editions Grasset sont un peu comme la Confiture Bonne Maman, ils font revivre des chefs-d’œuvre oubliés, des textes perdus et des auteurs de l’ombre. G. Lenotre (de son vrai nom Louis Léon Théodore Gosselin… on comprend mieux le G. maintenant) fut l’Alain Decaux des années 30, celui qui désacralisait la Grande Histoire et ses Grands Hommes pour l’amener dans nos maisons. Parce que les Grands Bonhommes (et les petits) ont signé des traités, mais ces derniers seraient restés lettre morte si un peuple ne les avait contesté ou approuvé derrière (oui, je me replace dans ces années là, début de la Révolution Industrielle, quand les ouvriers ont pris conscience qu’ils avaient le pouvoir... s’ils voyaient les dérives actuelles !).
Lenotre (permettez que je vous appelle G. ? Merci !), G s’est donc penché sur Napoléon, le type qui est mort sur lîle Saint-Hélène, retrouvé assis sur une baleine en train de recoudre les fils de son caleçon. G. décrasse le personnage et les formules Tite-Liviennes de ses prédécesseurs. Il nourrit un livre d’anecdotes toutes plus inutiles les unes que les autres, mais ça fait du bien d’imaginer les grands en pyjama, histoire de les remettre dans les chaussures qui sont les leurs : celles des hommes.
Napoléon a eu la fièvre verte (à ne pas confondre avec la fièvre jaune, encore moins la fièvre rouge), oui mais rien à voir avec une quelconque maladie, la fièvre rouge étant l’excitation pré-1er janvier, la fièvre verte l’excitation pré-vacance à l’Institut… Napoléon eut donc la fièvre verte en apprenant une vacance au prestigieux Institut. Il se déclare donc candidat et une écrasante majorité le nomme sur ce poste Académique vacant. Oui, mais le compte définitif des voies se révèle faux ! Les plus grands mathématiciens n’ont même pas vu l’erreur monumentale (de 100 voies tout de même !) Les adversaires l’ont bien évidemment remarqué, ayant au gain de cause, Napoléon évincé de l’Institut… avec une réputation grandie. Quand je pense que Fifi et Coco pensent innover !
Aller, une autre : "Avec les trois notes d’Au clair de la Lune, un musicien sans génie peut écrire toute une symphonie, rien qu’en développant le thème, en changeant le ton et le rythme. C’est ce que la Grande Histoire a fait des paroles de l’empereur. Ses moindres réflexions ont été lardées de commentaires…" (c’est notre regretté G. qui parle). Et oui, on avait un doute mais "du haut de ces pyramides, 40 siècles nos contemplent" est le verbe d’un poète de génie, mais certainement pas de Napoléon vif, pressé, soldatesque…
D’un premier abord inutile et ennuyeux (aucun fait historique connu), ces Croquis de l’épopée se révèle être une mine d’anecdotes croustillantes sur le quotidien d’un petit bonhomme magnifié par les manuels d’histoire. Découpé en petits chapitres, le roman de G. Lenotre est à lire entre deux pauses, entre deux plats, entre deux pubs… |