Au cas où vous n’êtes pas au courant, nous sommes dans la merde. Si. Carrément. Jusqu’au cou. Voire pire même. Je vous conseille Santé, le grand fiasco, de Véronique Vasseur et Clémence Thévenot si vous aviez encore un doute sur l’avenir de notre espèce : droit dans le mur.

Véronique Vasseur ne doit pas vous être inconnue, elle s’est avancée au devant de la scène après la publication de Médecin-chef à la prison de la Santé, où elle dénonçait les mauvais traitements accordés aux prisonniers. Clémence Thévenot est journaliste. Ensemble, elles ont mené l’enquête sur le système de santé français. En déroute, évidemment.

295 pages d’affolement, d’énumération de problèmes, de statistiques affolantes, de gaspillage, de mauvaises prises en charge, d’abus, de manipulation, de lobby pharmaceutiques. Et 5 pages de pistes de solutions. Vous avez oublié d’envoyer la fin du manuscrit ou l’éditeur trop pressé ne vous a pas accordé de jours supplémentaires pour achever l’étude ?

Si j’avais rendu mes analyses et mes audits sans propositions de solutions tangibles et pistes d’amélioration, je peux vous assurer que je n’aurai jamais été diplômée. Ou bien mes profs étaient nuls. J’ai failli oublier que notre système d’éducation est en plein fiasco aussi. Notre économie de marché, nos banques, nos épargnes, nos logements, nos postes, notre gouvernement… Même le marché de la croquette de chaton est en crise ! Oui, j’ai regardé TF1 (par accident) dernièrement, c’est la merde partout. Mais comme c’est aussi le fiasco dans les aéroports, je n’ai pas eu le cœur de tout quitter.

Bref, je ne peux pas vraiment dire si l’essai est objectif ou non, je sais trop bien qu’il est facile de manipuler les nombres et utiliser les pourcentages intéressants pour appuyer une théorie. N’empêche, elles n’ont pas complètement tort, Clémence et Véronique.

Les morts de chaud de l’été 2003 ont fait vaciller les têtes des responsables de la santé. La réponse de Roseline qui s’est emparée de la grippe suivante. Et ses vaccins moisissent dans les frigos de centres pharmaceutiques. Pas moyen de les refiler en Afrique. Et le gardasil (vaccin anti-cancer-col-de-l’utérus) qui tue à la place de sauver. Et la vaccination de masse pour l’hépatite machin qui tue. Et les mamographies à risque. Et les cancers détectés plus tôt, traitement plus long, plus cher.

Parce que le problème n’est pas vraiment la maladie, ni les malades, ni les médecins d’ailleurs, ni les personnels hospitaliers. Les entreprises pharmaceutiques forment les médecins. Elles refilent du médiator pour coupe-faim, des placebos, elles recyclent des médicaments interdits (en modifiant une ou deux molécules), elles exploitent des brevets chinois. Un peu le même conflit d’intérêt qu’un président tirant les ficelles de l’AFP.

A croire que les médecins n’ont pas suffisamment d’intelligence pour penser par eux-même, qu’ils n’ont reçu aucune formation et qu’ils nous prescrivent des médicaments sans en connaître les ingrédients. Et on se plaint des français qui s’auto-médicamentent.

J’ai changé de médecin. Je sors parfois de son cabinet sans ordonnance. Il n’y a pas que les pilules qui guérissent. Mon traitant d’avant m’a sermonné un bon moment parce que je n’étais pas venue le voir avant. Je n’étais pas malade. Quel intérêt ? Je me rattraperai quand je serai plus usée. Il me prescrivait des vitamines hors de prix quand j’avais besoin d’un bon gros dodo.

Et le problème est là : "Il fallait avant être malade pour être patient. Il suffit maintenant d’être assuré social pour consommer du soin". Malgré le discours alarmiste, Véronique Vasseur et Clémence Thévenot ne font que mettre en mots une évidence : ça ne va pas, il faut changer les choses. Mais les politiques frileux et rois de la reculade entendront-ils votre voix ? Espérons-le.