"Manon se mettait carton tous les soirs, Elle attendait que le jour se lève et que chauffe le fond de son verre, Et moi je lui disais ne t'en fait pas"

Sur le papier, le nouveau projet de Jil Is Lucky (sans vouloir circoncire son univers musical à cela mais la belle musique de la pub "Flower by Kenzo", c’était lui), histoire d’amour avec une jeune fille limite lolita, qui n’a pas les cheveux rouges et n’est pas une adorable garçonne mais une djette franco-japonaise, parisienne et branchée avait de quoi intriguer.

Le résultat est assez décevant. Mélodiquement d’abord, sans être catastrophique, la sauce ne prend pas vraiment. Ce n’est pas mauvais, JIL a prouvé depuis longtemps qu’il était capable de trousser de beaux morceaux, c’est juste passe-partout et très convenu. Les paroles ensuite. Jil Bensénior se lance pour la première fois en français, mais une nouvelle fois ce n’est pas vraiment une réussite : "Manon tapait l’écume de ses nuits blanches, Et moi, quelques traits sur ses hanches" ou "Manon avait le goût de l’aventure, Contre le capot d’une voiture, elle bougeait la tête en arrière, Ses leggings baissés jusqu’aux chaussures, Avec un autre que moi sur, Le dos Manon se laissait faire".

A partir de ces constats, difficile de s’attacher à ce disque, un peu étrange mais surtout mal foutu, malgré de belles fulgurances du côté des arrangements. Ici point de nuit de sabbat, la symphonie n’est pas fantastique, n’est pas Gainsbourg qui veut.

Sinon le disque est accompagné d’un court métrage tourné en 360° et 3D, un film ayant pour ambition d’être "la première fiction musicale Française tournée en images réelles qui cumule réalité virtuelle (caméra subjective et immersion totale dans l’image), et son spatialisé 360 multidirectionnel, à savoir le son qui suit l’image et le mouvement de tête". Comme dans le cinéma, surabondance d’effets spéciaux cache souvent une certaine pauvreté de fond…